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«Chagos deal»
Navin Ramgoolam : «Pravind Jugnauth inn aksepte larzan san get prinsip souverennte»
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«Chagos deal»
Navin Ramgoolam : «Pravind Jugnauth inn aksepte larzan san get prinsip souverennte»

Lors d’une conférence de presse solennelle tenue dans la salle du Trône à la New Government House, à Port-Louis, hier, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a annoncé avec émotion la signature d’un traité historique entre Maurice et le Royaume-Uni reconnaissant officiellement la souveraineté mauricienne sur l’archipel des Chagos, y compris Diego Garcia. Cet événement, qualifié de «moment exceptionnel» par le chef du gouvernement, met un terme à six décennies de lutte diplomatique et juridique. En présence de nombreux parlementaires, ministres, députés et figures politiques, ainsi que de partisans massés à l’extérieur du bâtiment pour soutenir l’accord, le Premier ministre a exposé les détails de ce traité majeur. Il a précisé d’emblée que cette conférence serait exclusivement consacrée à la question des Chagos, écartant tout autre sujet d’actualité.
Navin Ramgoolam a rappelé que la lutte pour la souveraineté sur les Chagos remonte à 1965, lorsqu’au cours des négociations en vue de l’indépendance de Maurice, le gouvernement britannique avait annoncé son intention de détacher l’archipel pour y installer une base militaire. À l’époque, sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR), alors le Premier, avait exprimé son opposition catégorique, mais s’était vu imposer la décision par Londres sous la menace d’un refus d’indépendance. Face à cette contrainte coloniale, SSR avait obtenu l’insertion de quatre conditions dans l’accord : le droit de pêche pour Maurice, la rétrocession des droits sur les ressources naturelles (pétrole et minéraux), la liberté de navigation et d’installation de stations météorologiques, et enfin, un droit d’atterrissage en cas d’urgence. Ces clauses, rappelées par Navin Ramgoolam, ont joué un rôle déterminant dans la poursuite de la revendication mauricienne au fil des décennies.
Souveraineté reconnue et perspectives d’avenir
«Nous pouvons désormais exercer pleinement notre souveraineté sur l’ensemble de l’archipel, y compris Diego Garcia», a déclaré le Premier ministre. Le traité prévoit également que le Royaume-Uni versera à Maurice une allocation annuelle de GBP 165 millions, soit environ Rs 10,06 milliards, pendant une période de 28 ans. Un réexamen du montant est prévu à l’issue de cette période. Navin Ramgoolam a souligné qu’il s’agit là d’un moment de fierté nationale, l’un des plus marquants de l’histoire contemporaine du pays. Il a remercié plusieurs figures clés pour leur soutien dans ce combat, notamment le Premier ministre indien, Narendra Modi, qu’il a qualifié de partenaire indéfectible, ainsi qu’Olivier Bancoult, leader emblématique de la cause chagossienne. Il a également eu une pensée pour sir Anerood Jugnauth, qui avait poursuivi la lutte entamée par SSR.
Le chef du gouvernement a par ailleurs annoncé la création prochaine d’un Joint Committee entre Maurice et le Royaume-Uni pour la gestion de la base militaire de Diego Garcia. Les États-Unis y seront présents en tant qu’observateurs, garantissant ainsi une transition contrôlée et sécurisée.
Navin Ramgoolam n’a pas manqué de pointer du doigt la tentative du précédent gouvernement, dirigé par Pravind Jugnauth, de conclure un accord peu avant les dernières élections. Selon lui, l’objectif était électoraliste : «Pravind Jugnauth a voulu faire croire à la population que Maurice recevait de l’argent, mais en réalité, c’était une tentative de vendre notre souveraineté.» «J’avais dénoncé cet accord comme étant un véritable sell out – un propriétaire devenu locataire. Ni moi ni Paul Bérenger n’aurions jamais accepté une telle humiliation. Notre dignité nationale vaut plus que n’importe quelle somme d’argent», a martelé Navin Ramgoolam. Ajoutant avec vigueur : «Li finn aksepte larzan san get prinsip souverennte… MSM finn van lalit sa pei-la.» Le Premier ministre a également affirmé qu’il n’y avait pas eu de passation correcte ni de stratégie claire sous le précédent gouvernement.
Une nouvelle ère pour les Chagossiens
Dans le prolongement de cet accord, Navin Ramgoolam a annoncé qu’une visite officielle sera prochainement organisée aux Chagos, incluant une délégation ministérielle, des parlementaires et des représentants de la communauté chagossienne. Il a proclamé que «l’exil des Chagossiens est désormais terminé» et que le drapeau national mauricien flottera sur l’archipel, en symbole fort de la souveraineté reconnue. Interrogé par la presse sur le sort du British Indian Ocean Territory (BIOT), le Premier ministre a réagi sans détour : «Le BIOT est mort.»
«Par ailleurs, une fois l’accord signé, il fera l’objet d’un projet de loi au Parlement britannique. Cela laissera le temps aux parlementaires d’en débattre. Le versement de la première tranche des fonds est prévu pour l’année prochaine», a ajouté le Premier ministre.
Paul Bérenger : «Rs 10 milliards ne changent rien de fondamental à nos problèmes budgétaires»
Le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, a pris la parole à son tour pour relativiser l’impact économique de cet accord : «Rs 10 milliards ne changeront rien de fondamental à notre situation budgétaire. Il ne faut pas croire que aster-la nounn korek. Le pays mérite beaucoup plus.» Il a averti que le prochain Budget s’annonçait difficile et a mis en garde contre toute interprétation excessive de cette aide financière.
Néanmoins, il a salué l’accord comme une réussite diplomatique et a annoncé deux décisions majeures issues du Conseil des ministres : la visite officielle vers les Chagos dans les jours à venir et la mise en place d’un comité chargé des projets de développement dans l’archipel, qui sera présidé par le Premier ministre. Il a souligné que l’archipel représente également «une merveille écologique» à préserver. Paul Bérenger a également brièvement évoqué le dossier de Tromelin, en indiquant que «so ler pou vini».
Les modalités financières précisées
L’Attorney General, Gavin Glover, intervenant brièvement en fin de conférence, a expliqué la répartition des GBP 165 millions promises par le Royaume-Uni. Les trois premières années, la totalité sera versée sous forme de soutien budgétaire. Ensuite, à partir de la quatrième année, les fonds seront répartis entre l’usage et l’occupation (GBP 120 millions) et le soutien budgétaire (GBP 45 millions), reflétant un nouvel équilibre dans la gestion des ressources issues de l’accord.
■ Partisans et ministres se sont massés devant l’Hôtel du gouvernement à l’heure de la conférence de presse du Premier ministre.
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