Publicité

Table ronde de la COI

Navin Ramgoolam : «Un appel à produire pour la région, dans la région»

27 avril 2025, 05:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Navin Ramgoolam : «Un appel à produire  pour la région, dans la région»

Dix ans après leur dernière rencontre à Moroni, les dirigeants des pays membres de la Commission de l’océan Indien (COI) se sont retrouvés à Antananarivo, Madagascar, pour le Ve Sommet de l’organisation régionale. Cette rencontre de haut niveau a réuni les chefs d’État et de gouvernement des pays de la région, le président des Comores,Azali Assoumani, le président des Seychelles, Wavel Ramkalawan,le président de Madagascar, Andry Rajoelina, le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre de Maurice,Navin Ramgoolam. Le secrétaire général de la COI, Edgard Razafindravahy, a également participé aux travaux.

Parmi les moments forts de ce sommet figurait une table ronde cruciale sur la sécurité et la souveraineté alimentaires,ainsi que sur la connectivity maritime et les échanges intra-régionaux. Organisée à huis clos, cette session a permis aux dirigeants de la région d’échanger à cœur ouvert sur les défis structurels, les opportunités agricoles et logistiques,ainsi que sur les investissements nécessaires à une réelle transformation du système alimentaire régional.

Piliers d’action

Cette table ronde a mis en lumière la nécessité urgente d’atteindre une souveraineté alimentaire durable dans la région indianocéanique, notamment face aux défis imposés par les crises sanitaires,les perturbations climatiques,les conflits géopolitiques et les mesures protectionnistes de certains grands fournisseurs mondiaux. Trois piliers d’action ont été proposés pour structurer un nouvel space agricole régional :

-La création de zones de production stratégiques et sécurisées ;

  • La libre circulation réelle des produits agricoles entre les îles ;
  • La mobilité des talents agricoles, afin de stimuler l’innovation et la résilience. Les participants ont également insisté sur la nécessité de redynamiser le Programme régional de sécurité alimentaire et de nutrition (PRESAN), en encourageant les investissements publics et privés dans la productivité, la compétitivité, la nutrition et l’accès à des semences de qualité. L’appel aux partenaires techniques et financiers a été réitéré pour soutenir l’opérationnalisation de ce programme ainsi que la mise en œuvre d’une feuille de route ambitieuse pour la connectivité maritime régionale.

Souveraineté alimentaire partagée

Lors de son intervention, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a défendu avec vigueur la nécessité d’une réponse collective et stratégique face aux défis alimentaires auxquels les pays de la région sont confrontés.«La sécurité alimentaire est de venue pour nous un enjeu fondamental.Nous devons y faire face pour assurer les besoins de nos populations. Nous devons agir collectivement, et en urgence, pour le bien de tous», a déclaré le chef du gouvernement mauricien.

Navin Ramgoolam a insisté sur la nécessité de produire localement, pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations lointaines, baisse les coûts et minimiser l’impact environnemental. Il a cité l’exemple des céréales importées de Madagascar par Maurice, illustrant le potentiel immense d’une coopération renforcée entre les pays membres de la COI. «Notre ambition régionale repose sur la disponibilité d’infrastructures, la protection des investissements,l’aménagement des règlementations et la mise sur pied de systèmes de facilitation», a-t-il précisé.

Le Premier ministre a également souligné le besoin d’intégrer les dernières avancées technologiques dans les systèmes alimentaires : agriculture numérique, biotechnologies, alertes précoces, mais aussi transfert de savoir-faire et développement de compétences locales. Il a mis en exergue le défi démographique auquel font face certaines îles : manque de main-d’œuvre pour les unes,abondance pour les autres. Une meilleure répartition des ressources humaines à l’échelle régionale pourrait favoriser l’essor d’un secteur agricole moderne, productif et attractif pour les jeunes.«Il est vital de redorer l’image du secteur afin d’encourager nos jeunes à s’y engager, à travers l’adoption de technologies agricoles modernes et de modèles d’entreprise innovants», a insisté le Premier ministre.

Connectivité maritime

Au-delà de l’agriculture, le discours du Premier ministre s’est attardé sur les faiblesses du commerce inter-îles. Malgré l’existence depuis 15 ans du concept d’espace économique et commercial de la COI, les progrès restent timides. Le PRIDE (Programme Régional Intégré de Développement des Échanges), avec ses tarifs préférentiels et certificats d’origine, est appliqué par Maurice et Madagascar, mais nécessite une extension à l’ensemble des pays membres.

Selon Navin Ramgoolam, la mise en place d’une véritable zone économique régionale favoriserait la fluidité des investissements, des capitaux,et de la circulation des personnes. Elle permettrait aussi de réduire les obstacles non-tarifaires, responsables du ralentissement des échanges.

Il a également évoqué l’urgence de renforcer la connectivité maritime pour améliorer les flux commerciaux : «Améliorer la connectivité portuaire, optimiser les coûts maritimes,moderniser les infrastructures logistiques ; telles sont les étapes cruciales vers l’efficacité du commerce régional et mondial.»

En conclusion, le chef du gouvernement a appelé à renforcer la coopération entre les États membres de la COI,mais aussi avec les partenaires internationaux. «Nous aspirons à des écosystèmes commerciaux durables et résilients. Il est donc crucial que nous renforcions notre collaboration et que nous prenions des actions concrètes pour atteindre nos objectifs communs», a-t-il affirmé

Publicité