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Kronik KC Ranzé
Nous sommes tous des immigrés ! Et le monde en a besoin… pour le moment
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Kronik KC Ranzé
Nous sommes tous des immigrés ! Et le monde en a besoin… pour le moment

L’immigration a pris du relief après l’élection de Donald J Trump, mais a toujours été là, insidieuse ou explicite, accueillie ou repoussée. S’il y a eu d’autres lignées d’humains ou de proto-humains (Neandertal, Erectus, …) avant nous, ils ont tous disparu, cédant la planète à l’Homo Sapiens, décidément un mal nommé. Et nous savons désormais que le peuplement de la planète toute entière, de l’Europe à l’Asie, de Tierra del Fuego à la Nouvelle-Zélande, des Navajos aux aborigènes d’Australie, est le fait de migrations. Pas toujours réussies, confrontant épisodiquement d’autres Homo qu’il fallait côtoyer ou déplacer ou conquérir ; les migrants ont traversé des fleuves et des mers, escaladé des chaînes de montagne, bravé le froid et les maladies, pour s’installer «ailleurs». Comme maintenant d’ailleurs. A la recherche de mieux.
La première grande migration de Sapiens a été de sortir de l’Afrique il y a environ 70,000 ans et ces migrants, probablement, poussés par une sécheresse d’alors, ont d’abord rejoint un moyen orient plus vert qu’aujourd’hui, avant de peupler le reste de la planète ! Comme nous sommes issus de ces premiers migrants, nous sommes, en quelque sorte, tous cousins!
Lors de ces migrations, deux courants instinctifs se sont sans doute heurtés. Le premier, tribaliste à souhait, ne favorisait que les mœurs et les croyances du groupe, évitant que ceux-ci ne soient «souillées» par ceux des autres. Le second, parfois par curiosité, souvent par nécessité, comprenait très vite que les alliances guerrières, les échanges d’outils ou de renseignements, les familles mixtes mèneraient plus vite à mieux. Je ne sais pas d’où sort cette image de guerre tribale où le butin majeur se révélait être les femmes à ensemencer et comment valider cette hypothèse, mais toute l’histoire de l’humanité est faite de guerres, de conquêtes, de rapines et invariablement, de viols qui laissaient derrière eux des métissages. Toute la planète est largement métissée. Il n’y a pas de «nation pure». Nous sommes tous des «bâtards» à divers degrés, mais tous fondamentalement semblables!
Cachés à l’intérieur de vallées, protégés par des fôrets revêches, ou encore isolés derrière des cours d’eau fougueux, les groupuscules humains des premiers millénaires développaient alors des us et des coutumes, des vêtements, des pigmentations et des goûts distinctifs. Sapiens commençait donc à générer la formidable pluralité culturelle qui est richesse pour ceux qui croient aux ponts et source de frayeur pour les autres qui pensent instinctivement aux murs.
Ce qui nous mène à Trump et à ceux qui pensent comme lui. Sa mère vient d’un îlot écossais où son père était pêcheur. Son père est le fils d’immigrants venus de Bavière. Son épouse Melania est Slovène et n’est devenue américaine qu’en 2006. Elle a sponsorisé ses parents sous les provisions des lois dites de «migration familiales» et ils sont devenus citoyens américains depuis 2018. Depuis, Trump s’est exprimé défavorablement contre ces mêmes lois migratoires de réunification familiale. Il aurait souhaité être mieux protégé de ses beaux-parents, peut-être ? Il est maintenant contre le «droit du sol» des autres, même si c’est garanti par la Constitution ! Donald Trump n’est pas fondamentalement contre l’immigration, mais contre certains types d’immigration qui lui posent problème.
Lors de son premier mandat, il avait banni l’immigration venant de 7 pays à majorité musulmane, catalogué de nombreux pays du monde de «Shithole countries» et spécifiquement exprimé sa préférence que les immigrants US viennent de …Norvège plutôt qu’à travers le Mexique. Lors du mandat présent, la position a encore durci : on se propose de déporter massivement et de fortement freiner l’immigration, …. Sauf pour les Boers sudafricains que les États-Unis reçoivent à bras ouverts et plus rapidement qu’en moyenne.
Les statistiques américaines indiquent 58,4 % de blancs en 2024, 19,5 % de latinos, 13,7 % d’afro américains, 6,4 % d’origine asiatique et 1,3 % d’amérindiens. Pour épicer l’équation 3,1 % se déclaraient de «plus d’une race» … Ce qui tracasse le mouvement MAGA, c’est que les taux de natalité sont, en moyenne, plus forts pour les minorités non – blanches et, qu’en conséquence, on estime que ces minorités seront, ensemble, majoritaires dès 2050. Ainsi la théorie du Grand Remplacement de Renaud Camus qui proclame que les immigrés (surtout musulmans en Europe) vont éventuellement remplacer puis détruire les cultures européennes. Il suffit alors que des minorités musulmanes agissantes promettent, à terme, que la sharia remplacera les lois du pays d’accueil pour faire monter les fièvres nationalistes et «nativistes» de l’extrême droite en Europe… En Amérique on diabolise les migrants allègrement, alors même qu’ils sont moins criminels que les natifs (**)
Selon les estimations, il y a 13,7 millions d’immigrés illégaux aux États-Unis, principalement hispaniques. En Europe, ils sont 1,3 millions, majoritairement syriens, afghans ou turcs. Ces immigrés illégaux fuient des conditions économiques ou politiques difficiles, voire intolérables et ils se tournent alors inévitablement vers des pays plus riches, plus stables, plus respectueux des droits humains. La compatibilité/ homogénéité culturelle n’est plus un facteur déterminant, comme au temps du White Australia Policy de 1901 (finalement éliminé par Whitlam en 1970), de l’apartheid (1948-1994) ou des lois Jim Crow (1877 – 1964), dans les états du sud des États-Unis.
Les pays visés par les immigrants, légaux ou pas, y trouvent souvent leur compte pour des raisons démographiques. En effet, la baisse de la population en âge de travailler, faisant suite à une natalité en baisse, au fur et à mesure qu’un pays s’enrichit, ne peut se freiner ni par des politiques pro-natalité (politiques dites «de la braguette»), ni par le relèvement des taux d’emploi des salariés les plus âgés, surtout quand le taux d’emploi des femmes «libérées» joue à contrecourant… L’Europe recevait 5.1 millions d’immigrants en 2022 et presque 1 million s’expatriaient hors de l’ UE. Aux États-Unis, le chiffre net est de 2.8 millions en 2024. Il est clair que malgré l’apport de la robotisation et de l’IA, les pays dits «développés», Canada, Arabie Saoudite et Australie compris, ne pouvaient se passer, en chiffres absolus, d’immigrants pour assurer leurs développements … Relativement à leur population, les pays du golfe (Dubaï, Qatar, Kuwait) ont les plus forts taux d’immigration, soit autour de 70 %, mais cette immigration-là est temporaire ou, ne s’ouvre que très rarement sur la citoyenneté ….
Jusqu’en 1800, des taux de fertilité nationale d’entre 4,5 et 7,5 étaient courants. Les enfants mouraient souvent et l’hygiène publique était tellement mauvaise, surtout en ville, qu’il fallait faire beaucoup d’enfants pour assurer sa descendance. Jusqu’en 1960, le taux de fertilité était, planétairement, encore à 5. En 2023, cette moyenne était de 2,3. Il est estimé, que ce taux baissera encore a 1,8 vers 2100, ce qui finira par stabiliser la population a une pointe d’environ 10 milliards vers 2084.
Quid jusque-là des pays qui ont de grosses difficultés démographiques et qui ne trouvent pas de solutions d’immigration jusqu’ici ? En tête de liste dans cette catégorie, nous retrouvons ainsi le Japon, la Corée du Sud, mais aussi la Chine. On prévoit, par ailleurs, jusqu’en 2100, des réductions de population de 74 % en Corée, de 61 % en Ukraine, de 50 % au Japon, en Europe centrale, en Italie, en Espagne, en Pologne et de 43 % en Chine !
La Corée du Sud a le plus faible taux de fertilité au monde, a 0,71, alors qu’il faut un taux de 2,1 enfants par femme pour seulement garder une population stable. L’Ukraine est à 1.0, la Chine a 1,02(mais remonterait un peu…) et le Japon est a 1,23. Parmi les îles ou les petits pays, citons Hong Kong (0,74), Taiwan (0,86), Singapour (0,96) et … Maurice (1,21). Nous sommes le 12e pays le moins fertile au monde ! C’est dire si l’immigration est cruciale pour notre avenir et si les politiques d’ouverture de nos divers gouvernements sont importantes, du moins pour le moment ! Rappelons-nous, en effet, que le vieillissement suivi de la décroissance de la population va mettre de plus en plus de pression sur une population active qui devra travailler pour les vieux …surtout si on décrète toujours, absurdement, la retraite à 60 ans (!), alors même que de nombreux citoyens qui travaillent, y compris de nombreux nominés politiques, ont 65 ans et (bien) plus!
Conclusion? L’immigration est un phénomène enraciné dans notre histoire et sera bien utile jusqu’a ce que la population mondiale plafonne. Jusqu’à la, qu’on le veuille ou non, les vagues migratoires les plus importantes viendront principalement d’Afrique, de quelques pays musulmans et de l’Amérique du sud. Jusqu’en 2084, est-ce que l’immigration se passera plus dans les deux sens, les nantis venant chercher paix, nature et plénitude ailleurs que chez eux ? Par ailleurs, personne n’a tenté de répondre à ce qui se passera quand la population mondiale va commencer à baisser et que l’immigration ne pourra plus donner le change! Aurons-nous, à ce moment-là, déjà été libérés du joug de la croissance à tout prix ? Aurons-nous alors, définitivement, plus de robots et d’animaux de compagnie que d’enfants à charge ?
(*) Wikipedia l Human evolution
(**) Al Jazeera l What’s behind recent false claims about immigrants and crime in the US?
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