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Soyons des chercheurs de sens...

7 avril 2014, 16:32

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Cher M. Sivaramen,

Je voudrais, après avoir pris un peu de recul, (attitude philosophique par excellence!) réagir à votre interview de Monsieur Michel Onfray dans l’express du 16 mars 2014, ainsi qu’aux propos de certains de vos lecteurs, suite à cette interview.

 

Tout d’abord une précision : je ne suis ni philosophe ni théologien même si, comme de nombreuses personnes, je m’intéresse à la philosophie et, comme évêque, bien évidemment à la théologie !

 

Il fait bon vivre dans une démocratie où nous avons la possibilité de lire et parfois d’exprimer des opinions différentes et de confronter des idées, parfois même d’une manière un peu vive. Il s’agit là d’un réel progrès au sein de notre société et nous devrions avoir de la gratitude envers tous ceux et celles qui font vivre la presse d’opinion et la démocratie.

 

Une question m’a toujours habité et elle rejoint celle du philosophe Leibniz qui la posait ainsi : «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Cette question fondamentale entraîne dans son sillage d’autres questions : l’Univers, existe-t-il simplement par hasard ?

 

Nous qui vivons sur cette planète Terre, minuscule point dans l’immensité de l’Univers, nous qui sommes doués de conscience et donc capables de penser, nous nous posons légitimement cette question : Notre vie a-t-elle un sens ? L’aventure humaine, dans sa fragilité et sa beauté, est-elle une comédie absurde ?

 

Est-ce raisonnable de croire que la beauté de l’univers et surtout des êtres humains que nous côtoyons, cache un poète que des humains nomment Dieu ? Il me semble que ce n’est pas forcément être «bigot» que de se poser ces questions. Les religions, dans leur diversité, n’essaient-elles pas de répondre à cette question fondamentale : La vie a-t-elle un sens ou est-elle absurde ? Si nous évitons ces questions, nous risquons alors d’avoir qu’une solution pour combler le vide : «le divertissement» en attendant l’échéance finale !

 

Dans cette quête de réponse, de nombreuses personnes, avec une grande honnêteté intellectuelle, ne conçoivent pas qu’une vie après la mort soit envisageable. Le croyant, lui-même, est traversé par des doutes, particulièrement à certains moments où il est témoin du déferlement du mal sous différentes formes et particulièrement la souffrance des innocents ! Pour autant, pouvons-nous raisonnablement affirmer avec autant d’assurance que «la vie éternelle est un mensonge !» L’incroyant n’est-il pas, lui aussi, tout comme le croyant, traversé par les doutes ? Sans vouloir polémiquer devons nous comprendre que les croyants, et particulièrement les penseurs, qui croient à la vie éternelle et qui partagent leur espérance sont des menteurs?

 

Je voudrais citer cette réflexion du poète Christian Bobin : «Je pense que par-dessous la clarté des jours qui passent, il y a un sourire, quelque chose de bienveillant qui est tourné vers nous. Je ne peux pas m’en justifier, je ne peux pas évidemment le prouver, mais je le sens, je le vois. » (l’entretien)

 

Je suis d’accord avec Michel Onfray concernant l’importance des biographies pour juger de la crédibilité d’un penseur car un minimum de cohérence est nécessaire pour faire confiance à la personne qui émet une opinion. En effet comment faire confiance à Hitler ou à Staline même s’ils avaient affirmé que la vie éternelle existe !

 

Pour ma part, je crois que Jésus de Nazareth est une personne cohérente et crédible. Raisonnablement je ne pense pas qu’il soit un menteur en nous promettant la vie en abondance, la vie éternelle. «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle.» (Jean 5 vs 24). Si Dieu existe et qu’il est vraiment «Père» comme nous l’affirme Jésus, alors est-ce déraisonnable de croire que, Dieu qui suscite la vie, soit aussi capable de ressusciter la vie.

 

Dans le sillage de Jésus, des grands penseurs comme Paul, Augustin, Pascal, Benoît XVI, pour ne parler que de la tradition chrétienne, et tant d’autres témoins crédibles, nous partagent leur foi en la vie éternelle. Ils ne sont, me semble-t-il, ni stupides, ni menteurs. J’ai été, par ailleurs, pour le moins surpris de la réaction de certains lecteurs, voire leur agressivité : «tonneau vide, singe qui défend sa montagne, obscurantisme etc.» L’agressivité ne révèle-t-elle pas une forme d’insécurité ? Ne cachons-nous pas souvent nos interrogations et nos doutes par des invectives ! Il me semble que nous pouvons débattre, voire même être en désaccord, sans pour autant nous traiter de menteurs, de «faux-cul» ou de nous sommer de la fermer !

 

Nous avons tout à gagner à prendre conscience de la complexité de la réalité. Ne sommes-nous pas tous invités à tendre vers la vérité en étant des chercheurs de sens et non pas à nous crisper sur nos idées toutes faites ?

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