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Débats budgétaires 2025–2026
Parlement : Ramgoolam défend son Budget et fait un appel à la solidarité nationale
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Débats budgétaires 2025–2026
Parlement : Ramgoolam défend son Budget et fait un appel à la solidarité nationale

Pour clore les débats sur le projet de loi du Budget 2025-2026, jeudi, le Premier ministre et ministre des Finances a livré un plaidoyer mêlant chiffres, dénonciation politique, responsabilité et émotion patriotique. Dans un pays qu’il juge au bord de l’asphyxie financière, il revendique des décisions douloureuses mais nécessaires pour sauver ce qu’il reste de l’État-providence.
Pendant plus d’une heure, le chef du gouvernement et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, aura voulu répondre aux critiques, dans un exercice de transparence et un appel national à la résilience collective. Dès les premières minutes, le ton est donné : «Pourquoi sommes-nous obligés de prendre des décisions difficiles ? Parce que le précédent gouvernement a maquillé les comptes, distribué sans compter et ruiné les bases de notre économie.» Il accuse l’exécutif du Mouvement socialiste militant (MSM) d’avoir laissé une dette publique colossale, passée de Rs 395 milliards en 2019 à Rs 642 milliards aujourd’hui, soit 90 % du PIB, et un déficit budgétaire réel de 9,8 %, contre les 3,4 % annoncés en juin 2024 par l’ex-ministre des Finances.
La crainte du «Junk status» de Moody’s
«Ce n’est pas un simple écart comptable. C’est un mensonge à Rs 43,2 milliards. Ce genre de manipulation, c’est ce qui a précipité la Grèce dans la faillite», insiste-t-il. Navin Ramgoolam évoque les conséquences d’un déficit incontrôlé : perte de crédibilité, envolée de la dette, pressions inflationnistes et incapacité de l’État à assurer ses missions essentielles. Il reviendra longuement sur les dégradations successives infligées à la note souveraine de Maurice par l’agence Moody’s :
🔵 avril 2020 : Baa1 stable → Baa1 négatif
🔵 mars 2021 : Baa1 négatif → Baa2 négatif
🔵 juillet 2022 : Baa2 négatif → Baa3 négatif
🔵 janvier 2024 : Baa3 négatif (confirmé)
«Ce n’est pas anodin. Si nous basculons dans la catégorie junk, les investisseurs partiront, le coût de l’emprunt explosera et notre monnaie se dépréciera brutalement.» Il souligne que les banques mauriciennes, exposées à hauteur de Rs 160 milliards en bons du Trésor, risqueraient une fragilisation de leur bilan si les rendements de l’État venaient à exploser.
Démentis aux «Rumeurs orchestrées»
Le Premier ministre n’a pas évité les sujets polémiques relayés sur les réseaux sociaux.
Il dément formellement l’achat d’un véhicule officiel pour lui à Rs 23 millions : «C’est un mensonge total. J’ai même refusé la voiture qu’on m’avait proposée. Elle est tombée en panne sur le trajet.» Autre point abordé : les insinuations selon lesquelles les fonctionnaires du ministère des Finances auraient subi des pressions politiques. Là aussi, Navin Ramgoolam est catégorique : «Aucun fonctionnaire n’a été influencé ou manipulé. Ils ont travaillé dans la rigueur. Ce ne sont pas des pratiques de notre gouvernement.» Il dénonce «une machine à propagande payée pour inonder Facebook de mensonges» et salue «la majorité silencieuse» qui fait la part des choses entre les faits et les intox.
La réforme des pensions
Navin Ramgoolam reconnaît que le sujet de la pension de vieillesse reste sensible, mais il met en garde : «La Basic Retirement Pension (BRP) est non-contributive. Elle est financée entièrement par le Budget de l’État. Or, en 2024, elle coûte Rs 55,4 milliards. D’ici 2030, elle dépassera Rs 100 milliards.» Avec une population âgée de plus en plus nombreuse – 257 600 personnes de plus de 60 ans aujourd’hui, contre 186 000 en 2015 –, l’équation devient intenable. Il rappelle que la Contribution sociale généralisée, introduite en 2020, a aggravé la situation : «Ce système n’est pas fondé sur la contribution. L’argent est immédiatement redistribué. Il n’y a aucun lien entre ce que l’on paie et ce que l’on reçoit.»
Au-delà des chiffres, le Premier ministre livrera un discours politique. Citant Churchill, en comparant la crise actuelle à celle de Maurice dans les années 1980, ou encore évoquant la gouvernance de lady Thatcher, il insiste que «certains moments appellent des décisions courageuses, non populaires». Il lancera un appel à l’unité nationale : «Quand il pleut ou quand le cyclone frappe, cela touche toute l’île. Qu’on soit tamoul, créole, chinois ou musulman. Nous avons le devoir de nous sauver ensemble.» Et il conclura en reprenant cette phrase politique forte de son discours du Budget : «Je ne vous promets pas le paradis. Mais je vous empêcherai d’aller en enfer.»
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