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Exposition à Londres
Peter Hough: «Maurice m’a offert dix ans de lumière, de découvertes et d’humanité»
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Exposition à Londres
Peter Hough: «Maurice m’a offert dix ans de lumière, de découvertes et d’humanité»

■ Peter Hough a su immortaliser la beauté de Maurice à travers une photo qui est exposée en ce moment à la «Royal Academy Summer Exhibition» à Londres.
Installé à Maurice depuis une décennie, le Britannique Peter Hough ne se doutait pas qu’un simple moment de rue capturé à Port-Louis allait lui ouvrir les portes de l’une des expositions les plus prestigieuses au monde. Et pourtant, l’un de ses clichés a été sélectionné pour la Royal Academy Summer Exhibition à Londres, une institution artistique qui accueille, depuis 1769, des œuvres venues du monde entier.
«J’étais à la fois surpris et ravi. C’est un immense honneur», confiet-il, toujours avec une certaine humilité. Le thème proposé cette année par la Royal Academy portait sur la capacité de l’art à initier des dialogues et à éveiller les consciences sur des enjeux de société comme l’écologie, la survie ou le vivre-ensemble. Un sujet large, mais profondément actuel.
Pour y répondre, Peter Hough a puisé dans son quotidien mauricien. Il a choisi de se promener dans les rues de Port-Louis, appareil photo en main, pour observer des scènes de la vie ordinaire. Son regard s’est arrêté sur le Jardin de la Compagnie, lieu emblématique de la capitale. «Ce lieu réunit beaucoup de choses : une végétation ancienne, une atmosphère paisible, des bancs où les gens se reposent, discutent, mangent… ou ne se parlent pas du tout.»
Une scène naturelle
C’est justement ce contraste qui l’a frappé : des personnes réunies physiquement, mais absorbées ailleurs. Le cliché sélectionné par la Royal Academy montre trois femmes, assises côte à côte. Deux sont absorbées par leur téléphone. La troisième dort, recouverte d’un tissu. «C’était une scène naturelle, prise avant qu’elles ne sachent que je photographiais. C’est ce qui la rend si authentique. J’ai demandé l’autorisation à l’une d’elles après coup ; elle a haussé les épaules et a replongé dans son écran.»
Pour Peter, cette image raconte quelque chose de notre époque : la perte du lien, la solitude dans la foule, et pourtant, une certaine forme de coexistence paisible. «Les téléphones et tablettes nous coupent du moment présent. On vit ensemble, mais ailleurs. La photographie de rue permet de révéler ces paradoxes mieux que bien des mots.»
Si Peter a posé ses valises à Maurice il y a dix ans, c’est son métier de consultant en communication qui l’a mené ici. Mais très vite, l’île est devenue bien plus qu’un simple point sur la carte. «J’ai vécu en Angleterre toute ma vie, j’ai beaucoup voyagé pour le travail… Mais Maurice m’a profondément marqué. Ce pays, ce ne sont pas seulement des plages ou des cocotiers. Ce sont des rencontres, des sourires, des traditions, une mosaïque de cultures.»
Il cite ses balades dans les villages, ses conversations avec les habitants, les maisons visitées, les plats découverts, les fêtes religieuses partagées. «J’ai été touché par la gentillesse des gens. Je suis venu seul, mais je ne me suis jamais senti isolé.» Sa passion pour la photographie s’est nourrie de cette immersion. «À Maurice, je vois les couleurs différemment. Je prends le temps de regarder. Je photographie des choses que les Mauriciens ne verraient peut-être même plus.»
Son travail a aussi bénéficié de précieux conseils. À son arrivée, il rencontre l’artiste Vaco Baissac, avec qui il tisse des liens. «Il m’a appris à équilibrer les couleurs, à jouer avec la lumière et les ombres. Cela m’a aidé à composer mes images, à les penser comme des tableaux.»
Aujourd’hui, Peter continue à photographier sans relâche. «J’ai pris plus de photos ici que partout ailleurs. Des gens, des insectes, des champs, des bateaux, des motos, des usines, des oiseaux… Il y a toujours quelque chose à voir.» Et à ceux qui aimeraient se lancer, il lance un conseil simple mais efficace : «Prenez plus de photos. N’attendez pas le moment parfait. Expérimentez. Vous n’avez pas besoin d’un appareil hors de prix. Votre téléphone suffit. Ce qui compte, c’est ce que vous voyez et ce que vous avez envie de partager.»
Peter Hough envisage aussi d’exposer son travail à Maurice, peutêtre à travers le regard d’un expatrié sur la vie insulaire. Mais pour cela, il faudra trouver le bon lieu, le bon moment. En attendant, il continue de capter des instants, petits ou grands, qui racontent à leur manière, une île pleine de nuances.
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