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Reprise parlementaire

Pluie de questions avant l’orage budgétaire

15 juin 2025, 07:00

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Pluie de questions avant l’orage budgétaire

Après la tempête politique provoquée par l’annonce du relèvement de l’âge de la pension de vieillesse dans le Budget 2025-26, le Parlement reprend ses travaux ce mardi 17 juin dans un climat particulièrement tendu. Cette première séance post-budgétaire s’ouvre dans une atmosphère lourde, marquée par des dissensions internes au sein même de l’Alliance du changement et une population encore sous le choc d’un budget jugé injuste et déconnecté des réalités sociales.

La journée s’ouvrira par la très attendue Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition. Bien que son contenu précis reste inconnu, tout porte à croire qu’elle portera sur la question brûlante de la réforme des retraites. Cette intervention pourrait obliger le gouvernement à se positionner plus clairement sur une mesure qui a déjà provoqué des remous au sein de sa propre majorité.

Avant même le début du débat budgétaire, le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, sera soumis à une série de 13 questions orales, certaines d’apparence technique mais aux implications politiques significatives.

Parmi celles-ci, les interrogations du député Govinden Venkatasami sur l’état du matériel informatique dans les postes de police de Moka et Saint-Pierre illustrent les lacunes persistantes dans la modernisation des services de sécurité. Mais ce sont surtout les questions du député Roshan Jhummun qui s’annoncent les plus embarrassantes. Il entend obtenir des explications sur la dégradation de la notation souveraine du pays par Moody’s de 2014 à 2025, une critique déguisée mais incisive sur la gestion économique des gouvernements successifs. Il interrogera également sur la pratique controversée du paiement de certains hauts fonctionnaires en devises étrangères, ciblant indirectement Navin Beekarry, ex-directeur de l’ICAC.

Le député Jhummun reviendra également à la charge sur la transparence dans l’octroi de contrats publics, en exigeant des détails sur les marchés attribués à la compagnie Nundun Gopee & Co. Ltd. entre 2015 et 2024, un dossier potentiellement explosif. Le député Seeburn, quant à lui, s’intéresse aux fonds injectés dans MauBank depuis 2015 et à l’absence apparente de retour sur investissement, question qui relance le débat sur la pertinence de certaines décisions stratégiques de l’État. Enfin, le député Jean Francisco François, en posant une question sur les enquêtes en cours dans des cas de corruption à Rodrigues, met en lumière les inquiétudes croissantes sur la gouvernance et la transparence dans la gestion des projets publics dans les îles.

Trente questions

Les ministres ne seront pas épargnés non plus. Trente questions leur seront adressées, portant sur des sujets allant de la gestion post-Covid à la planification énergétique en passant par des acquisitions foncières controversées. La députée Stéphanie Anquetil exigera des clarifications sur les frais de désinfection du bâtiment de la STC à Ébène, un contrat dont le flou continue d’alimenter les soupçons. Babita Thannoo, de son côté, cherchera à savoir où en est le projet de centrale thermique au gaz de Fort George, sujet déjà sensible en raison des risques environnementaux potentiels. Kaviraj Rookny interpellera le ministre du Logement et des Terres sur la légitimité d’une acquisition forcée de terrains autour de la station d’épuration de Baie-du-Tombeau, en l’absence de projet validé par le ministère de l’Environnement, ce qui soulève la question d’un éventuel contournement des procédures réglementaires.

Deux projets de loi seront également introduits en première lecture, à savoir le Revenue Tribunal Bill et le Legal Aid and Legal Assistance Bill. Si leur contenu n’est pas encore débattu, leur inscription à l’ordre du jour traduit une volonté du gouvernement de faire passer en parallèle des textes juridiques structurants, même en pleine tempête politique.

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