Les élections municipales, prévues le 4 mai, marquent un tournant significatif pour la capitale mauricienne. Après une décennie sans consultations populaires, les citoyens portlouisiens sauront enfin l’occasion de choisir leurs représentants au sein du conseil municipal. Ce scrutin est perçu comme une opportunité décisive de renouveau démocratique local, dans un contexte où la population attend de réels changements dans la gestion des affaires municipales. Pour la première fois à Maurice, le dépouillement des bulletins de vote et le comptage des voix auront lieu immédiatement après la fermeture des bureaux de vote. Cette mesure vise à améliorer la transparence et l’efficacité du processus électoral.

Port-Louis, en tant que capitale de Maurice, est non seulement le centre administratif et économique du pays, mais aussi un lieu chargé d’histoire, de diversité et de mémoire. Elle incarne un carrefour de cultures, de langues et de traditions. Bien qu’elle soit la plus petite ville du pays en superficie, Port-Louis est celle qui compte le plus grand nombre de circonscriptions municipales, avec un total de huit wards. Cette division administrative reflète la densité de sa population et la complexité des enjeux urbains.

La ville compte 114 275 électeurs inscrits en 2024, ce qui en fait une zone électorale stratégique. Le Ward IV, par exemple, est un quartier emblématique qui a été le cœur littéraire de la capitale, abritant des figures telles qu’Édouard Maunick et Jean-Georges Prosper.

Mais au-delà de ses quartiers historiques, Port-Louis est aussi une ville confrontée à de multiples défis contemporains. Entre embouteillages quotidiens, insalubrité persistante et urbanisation désorganisée, les Portlouisiens attendent de leurs futurs élus des actions concrètes pour améliorer leur qualité de vie.

Le conseil municipal de PortLouis est composé de 32 sièges. Pour ces élections, le Parti travailliste et le Mouvement militant mauricien présenteront chacun 15 candidats, les deux sièges restants étant alloués à Rezistans ek Alternativ. L’Alliance du changement vise à coordonner efficacement la campagne électorale à travers une stratégie commune et une présence renforcée sur le terrain. Le Campaign Committee, co-présidé par les ministres Patrick Assirvaden et Rajesh Bhagwan, a été mis en place pour assurer la cohésion entre les partis alliés et optimiser la couverture électorale dans les huit wards.

Isoop Nujurally bientôt en fin de mandat à la tête de la capitale

La ville de Port-Louis s’apprête à tourner une nouvelle page. Après plus d’un an à la tête de la mairie, Isoop Nujurally s’apprête à céder sa place à une nouvelle équipe municipale dans les semaines à venir. Nommé lord-maire en 2023, il avait succédé à Mahfooz Cadersaib, qui avait occupé ce poste de 2019 à 2023.

Son mandat a également été marqué par une avancée symbolique en matière de représentativité, avec l’élection d’Aurélie Dookhee, membre du Muvman Liberater, au poste d’adjointe au maire. Première femme à occuper cette fonction à Port-Louis, elle a contribué à renforcer la place des femmes dans l’administration municipale.

Alors que l’équipe municipale se prépare à passer le relais, les regards se tournent désormais vers la composition du nouveau conseil et les orientations qui seront prises pour la gestion future de PortLouis. Capitale économique et cœur administratif du pays, la ville garde plus que jamais son rôle stratégique dans le développement de Maurice.

Selon les données dévoilées par le commissaire électoral, Irfan Rahman, lors d’un point de presse le samedi 5 avril, 93 candidatures ont été enregistrées à Port-Louis, tous partis confondus. Parmi celles-ci, 30 sont des femmes, soit près d’un tiers des candidatures, traduisant une légère progression de la représentation féminine, mais encore loin de la parité. Le Ward VI de Port-Louis se distingue par le plus faible nombre de candidats, avec seulement sept inscrits, ce qui contraste fortement avec d’autres wards urbains à travers le pays.

Après dix années sans élections municipales, les habitants de PortLouis nourrissent des attentes particulièrement fortes. De nombreux citoyens espèrent des améliorations tangibles en matière d’infrastructures, de gestion des déchets et de sécurité, ainsi que dans l’entretien général de la ville. Il est également question de renforcer la transparence dans les décisions du conseil municipal et de garantir une gestion plus participative des ressources publiques.

La période électorale ravive aussi l’intérêt des jeunes pour la politique locale. Des collectifs citoyens et des organisations de quartier multiplient les appels à la participation active, insistant sur l’importance de se rendre aux urnes pour faire entendre sa voix. Jean, un commerçant de 45 ans du Ward III, se fait l’écho des préoccupations quotidiennes. «Nous avons besoin de dirigeants qui comprennent les défis auxquels nous sommes confrontés. J’espère que les nouveaux élus seront à l’écoute de nos préoccupations.» Aisha, enseignante de 34 ans vivant au Ward V, met l’accent sur les besoins de la jeunesse. «La jeunesse de PortLouis mérite des espaces culturels et sportifs. J’attends des candidats qu’ils proposent des solutions concrètes pour notre avenir.»

D’autres se montrent plus désabusés, comme Fareed, habitant du Ward V. «Dimounn kinn travay pour nou sirkonskripison kinn fer tou, kinn toultan la, pann gagn post minis, pann mem nome. Sanzmanla, toulezour mo demann momem kot li ete, mo pa kone mem si mo bizin kontinie fer konfians gouvernma aktiel», lâche-t-il en ajoutant qu’il fera certainement partie de ceux qui s’abstiendront de se rendre aux urnes le 4 mai, manifestant ainsi son sentiment de frustration face à l’absence de changement promis après les élections générales.

Ville portuaire aux multiples visages, Port-Louis demeure un symbole vivant de la nation mauricienne. Elle abrite des monuments emblématiques, des institutions essentielles ainsi que de nombreuses communautés vivant en étroite proximité. Toutefois, la ville est aussi marquée par les conséquences de l’urbanisation rapide, notamment les problèmes de logement, les inondations récurrentes en saison des pluies et les tensions liées à l’occupation de l’espace public.