Publicité

SBM Insights

Priorités du Budget: maîtriser le déficit, contenir les dépenses publiques et accroître les revenus de l’État

30 mai 2025, 14:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Priorités du Budget: maîtriser le déficit, contenir les dépenses publiques et accroître les revenus de l’État

Nuvin Balloo, «Group Chief Strategy Officer» à la SBM Holdings Ltd.

Dans ce paysage en mutation et en marge du Budget national qui sera présenté la semaine prochaine, une nécessité s’impose : maîtriser courageusement et fermement le déficit fiscal afin d’atteindre des niveaux plus appropriés et soutenables pour l’avancement du pays. Cette posture met en exergue le besoin primordial de prendre les mesures nécessaires dans le but de contenir la hausse des dépenses publiques récurrentes, bien que cela puisse s’avérer politiquement risquant, et d’accroître sensiblement les revenus de l’État. Ce sera la condition sine qua non pour générer des gains importants sur le long terme en ce qui concerne la stabilité macroéconomique, la croissance du PIB et le progrès social.

Nuvin Balloo, Group Chief Strategy Officer à la SBM Holdings Ltd, a balisé les grands paramètres économiques dans le dernier numéro du bulletin économique SBM Insights, et ce, à une semaine de la présentation du Budget national. La publication, qui en est à sa 17e édition, souligne aussi que l’accord historique avec le Royaume-Uni sur la souveraineté de l’archipel des Chagos, y compris l’île de Diego Garcia, constitue une avancée importante et une opportunité stratégique pour Maurice. Dans la mesure où le soutien financier couplé à d’autres mesures va contribuer à la consolidation budgétaire, à la relance économique ainsi qu’à la transformation structurelle du pays.

L’économie mauricienne reste confrontée à un environnement mondial particulièrement volatil, incertain et ambigu, avec des répercussions sur les secteurs réels, financiers, fiscaux et externes du pays, constate Nuvin Balloo. Malgré les progrès récents réalisés dans certains cas, les tensions commerciales internationales ont généré des niveaux d’incertitude élevés, une forte volatilité des marchés et un ralentissement des échanges économiques. Dans l’ensemble, la conjoncture mondiale contraignante et les ratios macroéconomiques récents de Maurice requièrent la poursuite des politiques économiques bien conçues et une consolidation fiscale crédible et efficace sur le moyen et long terme, tout en renforçant la résilience et la compétitivité de notre économie.

Cette position est d’autant plus recommandée que le pays est exposé à de multiples forces de transformation, notamment les évolutions démographiques et le vieillissement de la population, la digitalisation, l’intelligence artificielle, l’urbanisation, la disponibilité, la sécurité et l’efficience des ressources énergétiques et hydriques, ainsi que les transitions climatiques.

Comme l’ont affirmé les autorités et la communauté des affaires, l’un des principaux impératifs de Maurice, note la publication, est de parvenir à une croissance élevée, inclusive et durable, tout en promouvant un mode de développement «vert». Dans cet esprit, il est réconfortant de prendre connaissance des intentions du gouvernement d’améliorer les fondamentaux économiques de Maurice tout en s’attaquant aux défis et aux problèmes structurels auxquels le pays est confronté à différents niveaux, dont l’actuel déficit budgétaire qui ne peut être soutenu à long terme.

En accord avec les ambitions et les objectifs de réforme visant à catalyser la croissance, un défi majeur et une priorité pour Maurice sont surtout d’exécuter un programme de consolidation fiscale à moyen terme bien calibré et réfléchi qui raffermira progressivement la discipline budgétaire et s’assurera que la dette publique soit engagée sur une trajectoire durable. L’amélioration de la position budgétaire du pays est primordiale afin de maintenir l’investment grade rating profile du pays, tout en stimulant les entrées de capitaux étrangers et le progrès macroéconomique, et de dégager une marge de manœuvre satisfaisante pour réaliser des gains à long terme en termes de PIB et de création d’emplois.

Une croissance de 3,2 % projetée en 2025

Selon le scénario établi par la cellule de recherches de SBM Holdings, l’économie du pays devrait enregistrer un taux de croissance du PIB réel de 3,2 % en 2025. Tout en témoignant de la résilience du pays et de la solidité de ses fondamentaux, cette prévision de croissance pour cette année est inférieure à l’estimation pour 2024. «Notre pronostic de croissance pour 2025, qui est inférieur aux prévisions initiales, s’inscrit dans une tendance mondiale générale qui amène de très nombreux pays à revoir leurs prévisions de croissance à la baisse, en raison surtout de l’escalade des tensions commerciales et des répercussions sur l’économie réelle», souligne Nuvin Balloo.

La croissance du pays pour 2025 va, à certains égards, bénéficier des initiatives du gouvernement pour améliorer le climat des affaires, alors que le prochain Budget national va certainement jeter les jalons d’une économie plus diversifiée, résiliente et compétitive. Néanmoins, la croissance économique pour cette année sera largement affectée par les vents contraires mondiaux, essentiellement en raison des droits de douane annoncés, des perturbations dans les schémas commerciaux ainsi que des répercussions à plusieurs niveaux sur les marchés financiers et le secteur réel.

En substance, l’environnement commercial international incertain, bien que montrant des signes graduels d’amélioration, demande à être prudemment scruté, en raison des potentielles implications directes et indirectes pour Maurice, principalement en termes d’inflation, de consommation des ménages, d’exportations nettes, de flux de capitaux étrangers, de mouvements de devises et de valeur ajoutée sectorielle.

Dans le même ordre d’idées, l’économie mauricienne sera affectée par les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les principaux partenaires commerciaux du pays, qui font face à une croissance molle, ce qui a des effets inhibiteurs sur les exportations de biens et de services de Maurice.

Sur le plan domestique, l’expansion de l’économie mauricienne sera, cette année-ci, affectée par les sécheresses fréquentes et prolongées que le pays a connues, avec des répercussions sur les prix à la consommation, la production et le commerce.

Il convient de souligner que cette projection de croissance pour le pays sera réévaluée en cours d’année vu qu’elle sera soumise à des incertitudes majeures et à des risques de dégradation du contexte mondial. Au niveau domestique, l’un des principaux downside risks concerne l’aggravation potentielle des aléas climatiques, qui seraient susceptibles d’affecter négativement la production nationale et les performances à l’export.

Le package financier de l’accord sur les Chagos : Une légère marge de manœuvre face à un déficit élevé

SBM Insights souligne l’importance particulière de l’accord sur les Chagos dans le contexte actuel. Notamment le package financier qui devrait, selon Nuvin Balloo, fournir une légère marge de manœuvre supplémentaire à Maurice alors que le pays s’attelle à faire face à un déficit fiscal élevé.

Dans la perspective du prochain Budget national, ce revenu annuel accorderait au gouvernement des moyens additionnels afin de poursuivre les réformes structurelles et d’accomplir l’assainissement budgétaire à moyen terme.

«Il est rassurant de constater que le support financier et les entrées de devises étrangères qui l’accompagneront vont, sur la durée, aider à améliorer les performances des marchés des changes nationaux et à rendre le secteur bancaire encore plus résilient, tout en boostant la disponibilité des devises étrangères sur le marché local et soutenant, à certains égards, la stabilité de la roupie», constate le Group Chief Strategy Officer de la SBM.

La publication rappelle que le Royaume-Uni a accepté de verser une somme annuelle de 165 millions de livres sterling pour chacune des trois premières années suivant l’entrée en vigueur du traité ; un montant annuel de 120 millions de livres sterling, à partir de la quatrième année et pour toute la durée du traité ; une somme de 40 millions de livres sterling pour capitaliser un Trust Fund établi par Maurice au profit des Chagossiens ; et enfin une subvention annuelle de 45 millions de livres sterling pendant 25 ans pour soutenir des projets favorisant le développement économique et le bien-être de Maurice et de sa population.

Publicité