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Famille Oomeer

Quand la justice se transmet de sœur en sœur

17 février 2025, 16:00

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Quand la justice se transmet de sœur en sœur

Ladlee Oomeer-Callychurn, Ojaswi, Motisiri et Deshnah Oomeer, quatre sœurs, toutes avocates

Un simple acte juridique, une signature solennelle, mais pour la famille Oomeer, il s’agit d’une étape marquante dans un parcours collectif hors du commun. Le 7 février 2025, Ojaswi et Deshnah Oomeer ont prêté serment comme avocates en Cour suprême, renforçant ainsi la légende d’une famille d’exception, qui a su conjuguer la rigueur du droit et la force des liens familiaux. Désormais, quatre sœurs composent cette fratrie unie par une même vocation : la défense de la justice. Un rêve nourri depuis l’enfance, concrétisé aujourd’hui par un parcours juridique remarquable.

Leurs noms résonnent comme une véritable dynastie du droit. L’aînée, Me Ladlee Oomeer-Callychurn, exerce depuis deux ans à Maurice. Elle raconte l’impact décisif de son père, assistant surintendant de police, sur sa carrière. «Mon père m’a toujours encouragée à avoir une voix, à défendre ceux qui ne peuvent pas se faire entendre.» Mais au-delà des principes hérités, c’est à travers l’expérience commune avec ses sœurs que Ladlee trouve la force de continuer. «Travailler ensemble a définitivement renforcé nos liens. Cela nous a permis de collaborer, de nous soutenir mutuellement et de surmonter les défis en équipe», confie-t-elle à l’express.

Pour Ojaswi, deuxième de la fratrie et ancienne élève du Mahatma Gandhi Secondary School, le chemin vers le droit était déjà tracé dans son esprit depuis son enfance : «J’ai toujours été fascinée par l’impact des avocats sur la société. Aujourd’hui, en prêtant serment, je m’engage à vie à servir la justice avec intégrité.» Motisiri, la troisième sœur, a choisi de poursuivre sa carrière au Royaume-Uni. Senior County Court Advocate depuis deux ans, elle porte haut les couleurs de sa famille, avec cette conviction : «Plaider en cour m’offre un sentiment d’accomplissement, et ma pratique en Angleterre m’a permis d’acquérir une expertise que je mets au service de la justice.»

La benjamine Deshnah partage la même vision de la profession, marquée par l’influence des parents : «Ma mère m’a enseigné que la seule compétition valable est celle que l’on mène avec soi-même, tandis que mon père nous a toujours poussées à embrasser cette profession, avec un principe fondamental : la justice doit être accessible à tous.»

Les quatre sœurs, originaires de Moka, ont suivi un parcours académique exigeant, obtenant leur diplôme en droit anglais et mauricien à l’University of Central Lancashire (Campus de Maurice), avant de compléter leur formation au barreau en Angleterre.

Leur vision est alimentée par des inspirations puissantes, notamment celle de l’Attorney General, Me Gavin Glover, Senior Counsel, qui a su, disent-elles, leur transmettre l’importance de leur rôle : «Être avocate, c’est se tenir, souvent seule, entre les puissants et les démunis, et veiller à ce que l’État de droit l’emporte sur les caprices des hommes.»

Du contentieux civil et pénal au droit des affaires et à la protection des droits humains, les sœurs Oomeer envisagent un avenir où leur impact ne se limite pas à des spécialités, mais touche à tous les aspects de la justice. Elles espèrent ainsi inspirer d’autres jeunes, particulièrement des femmes, à voir dans le droit une voie accessible à celles et ceux qui sont déterminés à faire une différence. «Nous voulons prouver que la profession juridique n’est pas réservée à une élite privilégiée, mais bien ouverte à ceux qui souhaitent faire avancer la société», concluent-elles, fortes de l’unité et de la détermination qui les lient.

L’égalité des genres dans le domaine juridique

Pour Me Ladlee Oomeer-Callychurn, l’égalité des genres dans le domaine juridique à Maurice, comme dans de nombreuses autres régions, a longtemps été un sujet de réflexion. Elle soutient qu’historiquement, les femmes ont dû faire face à des obstacles liés à des stéréotypes de genre, et la profession juridique, souvent perçue comme dominée par les hommes, ne fait pas exception. «Cependant, ces dernières années, de nombreuses femmes ont réussi à s’imposer dans la profession d’avocate, et leur nombre augmente dans le domaine juridique. Certaines femmes occupent désormais des rôles de leadership dans des cabinets d’avocats ou des institutions juridiques à Maurice. Cela dit, il est possible qu’elles rencontrent encore des défis, notamment liés à des attentes sociales, des stéréotypes de genre persistants et parfois à un accès limité à des opportunités dans certains cercles professionnels», poursuit-elle.

Par ailleurs, ajoute-t-elle, le parcours d’une avocate peut aussi être influencé par d’autres facteurs, comme l’équilibre travail-vie personnelle, les responsabilités familiales ou la pression sociale qui peut exister pour répondre à certaines normes, estimant que ces difficultés peuvent parfois freiner leur évolution professionnelle comparée à leurs homologues masculins. «Cependant, des efforts sont en cours pour promouvoir la parité et la diversité dans de nombreux secteurs et il existe un mouvement croissant pour soutenir les femmes dans le domaine juridique à Maurice. Les femmes avocates qui réussissent à surmonter ces défis jouent souvent un rôle important dans la remise en question de ces barrières et la création d’un environnement plus inclusif.»

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