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Transports publics

Quand les étrangers assurent le service que les Mauriciens désertent

3 mai 2025, 18:00

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Quand les étrangers assurent le service que les Mauriciens désertent

■ La compagnie United Bus Service a déjà accueilli plusieurs travailleurs étrangers et a fait une nouvelle demande pour en avoir d’autres.

Ils sont désormais 12 chauffeurs népalais à sillonner les routes mauriciennes sous les couleurs de la compagnie United Bus Service (UBS). Et ce n’est qu’un début. L’entreprise vient de déposer une nouvelle demande pour recruter des Malgaches, cette fois pour travailler comme receveurs à bord des autobus. Une situation qui témoigne à la fois du manque criant de main-d’œuvre locale et d’un besoin urgent de maintenir le service public à flot.

Iqbal Sheik Abbas, président de l’United Bus Service Employees Union, l’affirme : la cohabitation entre les travailleurs locaux et étrangers se passe sans heurts. «Nous avons déjà des Malgaches dans notre garage. Ils travaillent comme mécaniciens et ont rapidement été formés à nos méthodes. Tout se passe très bien», confie-t-il. Quant aux chauffeurs népalais, leur intégration, qui pouvait sembler compliquée au départ, s’est finalement faite sans problème majeur. «Ils sont venus avec l’expérience de la conduite d’autobus, même s’ils ne connaissaient pas nos routes. Grâce à une formation intensive au Mauritius Institute of Training and Development (MITD) à Curepipe, ils se sont familiarisés au réseau routier mauricien et assurent désormais leur service sans difficulté. Le problème de la langue, souvent pointé du doigt, ne s’est pas avéré un obstacle.»

Au-delà de leur travail, ces employés bénéficient aussi de conditions de vie encadrées. Ils logent ensemble dans des résidences mises à disposition par l’entreprise, disposent d’un cuisinier et d’un service de transport dédié pour leurs trajets de leur lieu de résidence au lieu de travail et vice-versa. Sur le plan contractuel, ils sont employés selon les dispositions de l’Employment Rights Act et jouissent des mêmes avantages que les employés fixes : congés payés, congés de maladie, primes… Des droits immédiats, qui créent pourtant un déséquilibre avec leurs homologues mauriciens.

Car là où les étrangers entrent directement dans le système en tant qu’employés permanents, les Mauriciens, eux, doivent d’abord passer par la case Casual Worker et patienter entre sept et huit ans avant de bénéficier des mêmes avantages. Une situation que le syndicat dénonce fermement. «Nous avons déposé un dossier au bureau du travail pour demander la suppression de ce statut. Il est inacceptable qu’au sein d’une même entreprise, il existe deux catégories de travailleurs.»

Plusieurs Malgaches comme receveurs

Iqbal Sheik Abbas se veut toutefois nuancé. «Nous n’avons rien contre les travailleurs étrangers. Ils viennent combler un vide important. Le pays souffre d’un réel manque de personnel dans le secteur du transport, et sans eux, certaines lignes ne pourraient tout simplement plus être desservies. Mais il faut que l’égalité soit respectée.» Selon lui, la compagnie s’est engagée à employer un maximum de Mauriciens d’ici la fin de l’année. Mais pour faire face à l’urgence, UBS a également déposé une demande pour recruter plusieurs Malgaches comme receveurs. «Le fait qu’ils parlent français est un avantage certain pour communiquer avec les passagers et gérer les transactions à bord», précise-t-il.

Quant à la question récurrente : pourquoi autant de postes vacants alors que le chômage touche encore une partie de la population mauricienne ? Le syndicaliste répond sans détour. «Nous avons fait plusieurs appels à candidatures, mais peu de Mauriciens veulent travailler dans ce secteur. Beaucoup préfèrent toucher le salaire minimum, rester chez eux et éviter les contraintes d’un métier exigeant, où il faut se lever tôt, et travailler par tous les temps.»

Aujourd’hui, cette solution temporaire, mêlant main-d’œuvre locale et étrangère, semble être la seule issue pour remédier au manque d’effectifs. Reste à espérer que ces recrutements permettront de combler les lignes insuffisamment desservies et d’assurer un meilleur service aux usagers, souvent pénalisés par des retards ou par l’absence d’autobus sur certaines destinations.

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