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Transport
Quand un accident paralyse le pays : Le casse-tête quotidien des embouteillages
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Quand un accident paralyse le pays : Le casse-tête quotidien des embouteillages

Répercussions imprévues. Mardi dernier, un accident impliquant plusieurs véhicules sur l’autoroute M1 à hauteur de Pailles a eu des conséquences inattendues : non seulement la circulation a été sévèrement perturbée durant des heures, mais la séance parlementaire, prévue à 11 heures, a dû être retardée par l’impossibilité pour plusieurs députés, dont le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, de rejoindre Port-Louis à temps.
Selon la Traffic Management and Road Safety Unit (TMSRU), plus de 600 000 véhicules circulent chaque jour et lorsqu’un des axes structurants est bloqué, les effets sont immédiats: congestion généralisée, retards en chaîne et tensions chez les usagers. Des études récentes estiment que la congestion routière coûte près de Rs 6 milliards par an à l’État, hors secteur privé.
La Traffic Branch explique: «Un incident à un seul point névralgique comme Pailles peut affecter tout le réseau nord-sud. Ce sont des goulots structurels.» Parmi les zones les plus sujettes à congestion, la police cite la jonction Sorèze–Pailles, souvent engorgée à cause de son étroitesse et l’absence de contournement; Bagatelle Mall – Trianon, où le trafic se croise sans solution de déviation efficace ; Caudan Waterfront – Port-Louis Sud, qui devient un entonnoir en matinée; Moka–St-Pierre, de plus en plus saturé avec l’explosion des bureaux et écoles; et tout le corridor central Phoenix – QuatreBornes – Réduit, qui dépasse sa capacité journalière.
Face à l’engorgement, le gouvernement avait mis sur plusieurs grands chantiers regroupés sous le Road Decongestion Programme, piloté par le ministère des Infrastructures nationales. Ce programme, d’un coût estimé à plus de Rs 50 milliards, comprend des projets, pour la plupart déjà complétés comme l’autopont de Pont-Fer et le flyover à Wooton qui visent à contourner les embouteillages du centre, l’amélioration de la jonction Jumbo–Pont Colville– Pailles, l’aménagement de voies déviées et de feeder roads pour désengorger M1 et M2 ainsi que le renforcement du Smart Traffic Monitoring System.
En attendant les effets positifs de ces infrastructures, décrits comme des projets «à long terme», la police mise sur des solutions immédiates : la réaffectation de patrouilles moto aux points sensibles pour fluidifier la circulation en cas d’incident, la modification horaire de certains camions lourds dans les zones industrielles (notamment Moka, Pailles, Phoenix); l’optimisation des feux tricolores, à commencer par les villes, parmi d’autres.
Le constat : les réseaux routiers de l’île sont saturés. Les routes, pensées pour une circulation bien plus modeste il y a 30 ans, n’ont pas suivi le rythme du boom du marché automobile – environ 80 nouveaux véhicules enregistrés chaque jour selon les dernières données de la National Land and Transport Authority. En attendant des améliorations, un accident peut continuer de tout paralyser. Comme mardi dernier à Pailles. Et demain ailleurs.
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Coup d’envoi du permis à points en janvier 2026
Le permis à points, avec l’entrée en vigueur prévue pour janvier 2026, marquera un tournant dans la gestion des infractions routières. Chaque conducteur disposera de 15 points. À chaque infraction constatée – excès de vitesse, franchissement de feu rouge, conduite en état d’ivresse ou usage du téléphone au volant – un certain nombre de points sera retiré. Une fois le solde épuisé, le permis sera suspendu temporairement, avec obligation de suivre une formation de récupération de points. Ce projet, longtemps en gestation, est désormais prioritaire. En mai dernier, une task force présidée par le ministre Osman Mahomed s’est réunie pour harmoniser la loi, le barème et l’infrastructure numérique, notamment via un système centralisé de suivi des points.
Le calendrier :
• Octobre 2025 : début des campagnes de sensibilisation
• Décembre 2025 : vote de la législation et tests pilotes
• Janvier 2026 : application officielle sur tout le territoire mauricien
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Plus de 17 000 nouveaux véhicules enregistrés en cinq mois
Le réseau routier continue de se densifier. Entre janvier et mai 2025, 17 141 véhicules supplémentaires ont été immatriculés, soit une progression de près de 20 % par rapport à la même période en 2024. Le parc automobile national atteint désormais 727 120 véhicules en circulation, selon les derniers chiffres publiés. Cette tendance à la hausse pourrait cependant connaître un ralentissement dans les mois à venir. En effet, les nouvelles dispositions introduites dans le dernier Budget devraient influencer à la baisse l’achat de véhicules neufs, notamment en raison de leur impact sur les prix.
À la fin de l’année 2024, 710 605 véhicules étaient déjà en service sur le territoire, dont 24 717 véhicules neufs. Le segment des voitures particulières, en particulier, connaît une expansion constante. Fin 2023, on recensait 311 917 voitures, contre 335 398 un an plus tard, confirmant la dynamique de croissance observée depuis une décennie. Les statistiques montrent qu’en 2015, le pays comptait 188 299 voitures. Ce chiffre est passé à 264 120 en 2020 et franchit désormais la barre des 335 000. En 2024, 13 717 voitures neuves et 10 533 d’occasion sont venues grossir le parc automobile. Le secteur des deux-roues affiche également une forte croissance. Les motocyclettes ont presque doublé en moins de dix ans, passant de 77 603 en 2015 à 122 279 en 2024. En revanche, la progression est moins marquée pour les mobylettes, qui passent tout de même de 116 085 en 2015 à 127 172 en 2024.
K. S.
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