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Rs 161 M dépensées pour des véhicules officiels entre 2015 et 2024
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Rs 161 M dépensées pour des véhicules officiels entre 2015 et 2024

Une question adressée par le député Kevin Lukeeram au Premier ministre, Navin Ramgoolam, a permis de faire la lumière sur les dépenses engagées par l’ancien régime pour l’achat de véhicules officiels à l’intention des anciens chefs de gouvernement et ministres entre janvier 2015 et novembre 2024. Dans sa réponse, le chef du gouvernement a indiqué que deux véhicules avaient été acquis pour les besoins des anciens Premiers ministres durant cette période. Le premier, une BMW 760Li de 5972 cc, a été acheté au prix de Rs 21 696 486, le 21 novembre 2016, pour être utilisé par feu sir Anerood Jugnauth. Le second véhicule, également une BMW 760Li de même cylindrée, a été acquis pour Pravind Jugnauth, le 14 octobre 2021, pour un montant de Rs 19 523 000. Ces deux acquisitions représentent un coût cumulé de Rs 41,2 millions.
Le Premier ministre a également fait état de l’achat de 42 véhicules officiels supplémentaires destinés aux anciens ministres. Le coût global de ces acquisitions s’élève à Rs 120 millions. Le chef du gouvernement a tenu à souligner que depuis sa prise de fonctions, aucun véhicule neuf n’a été acheté ni pour lui-même, ni pour le Premier ministre adjoint, malgré le fait que les véhicules actuellement utilisés sont en mauvais état.
🔴Les ministres voyagent en première classe et «junior ministers» en classe affaires
Une question a résulté à un échange tendu entre Navin Ramgoolam et le député de l’opposition Adrien Duval autour des avantages accordés aux ministres et junior ministers lors de missions officielles à l’étranger. Ce dernier a soulevé des questions sur les per diem, les conditions de voyage et l’usage de limousines avec chauffeur, plaidant pour une révision de ces privilèges dans un contexte économique difficile. Répondant à la question, le chef du gouvernement a précisé que les politiques actuelles en matière de voyages officiels sont toujours régies par la Circular Letter No. 10 de 2017 du ministère des Finances. Cette circulaire fixe les taux journaliers d’allocation (per diem) pour les ministres en déplacement officiel vers des pays tels que le Royaume-Uni, les États-Unis, ceux de l’Union européenne et la Suisse. Navin Ramgoolam a saisi l’occasion pour rappeler que ces taux sont identiques à ceux qui étaient en vigueur lorsqu’Adrien Duval occupait les fonctions de speaker, pointant notamment trois missions à l’étranger effectuées par ce dernier en Inde, en Chine et en Arménie pour une durée totale de 78 jours, au coût cumulé de Rs 748 111.
Concernant les conditions de voyage, Navin Ramgoolam a confirmé que les ministres sont autorisés à voyager en première classe tandis que les junior ministers voyagent en classe affaires, conformément à la politique existante. Quant à l’usage de voitures avec chauffeur lors des déplacements à l’étranger, il a précisé que ces services sont généralement pris en charge par les pays hôtes ou par les ambassades et hautes commissions de Maurice. Lorsque de tels services ne sont pas fournis, le gouvernement prend en charge la location de véhicules «pour les besoins officiels uniquement».
Dans une question subsidiaire, Adrien Duval a appelé à réviser ces privilèges coûteux et à ce que la location de limousines avec chauffeur puisse atteindre Rs 50 000 par jour. «N’est-il pas temps d’imposer la sobriété à ceux qui demandent des sacrifices au peuple ?», a-t-il demandé. La réponse de Navin Ramgoolam a été cinglante : «Voilà le comportement typique d’un démagogue. Il a pleinement profité de ces privilèges lorsqu’il était en poste et aujourd’hui, il demande qu’on les supprime.» Le Premier ministre a dénoncé ce qu’il qualifie d’attitude hypocrite, affirmant que le gouvernement actuel respecte les procédures établies et que les critiques formulées aujourd’hui ne sont qu’un jeu politique, sans réelle volonté de réforme structurelle.
🔴Permis de conduire : vers une réforme en profondeur du système d’examen
Le député indépendant, Franco Quirin, a interrogé Navin Ramgoolam sur le déroulement des examens de conduite au centre de Line Barracks, à Port-Louis, depuis janvier 2025. Dans sa réponse, le Premier ministre a indiqué qu’un total de 11 331 tests de conduite avait été réalisé entre janvier et juin 2025. Chaque jour, environ 200 candidats sont convoqués, mais seuls 120 tests sont effectivement effectués en moyenne, en raison d’absences ou de demandes de report à court terme.
Les examens de conduite incluant le test de route, le stationnement et la marche arrière sont menés du lundi au vendredi de 7 h 30 à 16 heures et le samedi jusqu’à midi. Les convocations se font en six groupes de 30 candidats pour les voitures, motos et autres véhicules légers. À partir de 12 h 30, les tests concernent environ 20 véhicules lourds, tels que les camions et les autobus. Pour assurer le bon déroulement de ces épreuves, 25 policiers sont déployés chaque jour au centre de Line Barracks. Navin Ramgoolam a également précisé que d’autres centres de tests situés à Curepipe et à Flacq sont également actifs, avec respectivement 9 382 et 7 093 tests réalisés sur la même période. Enfin, le Premier ministre a annoncé que des réformes majeures sont en préparation concernant le système d’octroi de permis de conduire. Un système de permis progressif (graduated licensing system) est envisagé, dont les détails seront communiqués ultérieurement. Il a également rappelé que les citoyens peuvent aussi faire leur demande de permis provisoire en ligne, dans une logique de simplification administrative.
🔴Missions officielles : l’État a déboursé Rs 28 M en huit mois et Rs 165 M par l’ancien régime
Navin Ramgoolam a répondu à deux questions parlementaires distinctes mais complémentaires, posées respectivement par les députés Adrien Duval et Roshan Jhummun, concernant le coût des missions officielles à l’étranger des membres du gouvernement, actuels et précédents.
🔴55 invitations, seules trois missions effectuées
Navin Ramgoolam a tenu à souligner qu’il n’effectue que les missions jugées stratégiquement utiles pour le pays. Il a révélé avoir reçu 55 invitations à participer à des événements internationaux depuis son retour au pouvoir, mais n’en avoir accepté que trois. Il a cité à titre d’exemples des invitations déclinées : une visite d’État en Inde en décembre 2024, à l’invitation du Premier ministre, Narendra Modi, avant même la proclamation officielle des résultats des élections ; la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris en présence de plusieurs chefs d’État ; le Forum mondial sur la lutte contre la corruption et l’intégrité organisé par l’Organisation de coopération et de développement économiques en mars 2025 ; et les obsèques du pape François et l’élection du nouveau pape, pour lesquelles il a préféré déléguer la représentation mauricienne à l’Attorney General et à Patrick Assirvaden. Il a précisé qu’il n’avait pas participé aux réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, tenues à Washington en avril 2025, bien qu’il détienne aussi le portefeuille de ministre des Finances.
Les trois missions qu’il a dirigées depuis novembre 2024 sont : le Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba (15-16 février 2025) ; le Sommet de la Commission de l’océan Indien à Madagascar (24 avril 2025) ; et la Troisième Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice, suivie d’une rencontre bilatérale avec le président français, Emmanuel Macron, à Paris (9-13 juin 2025).
🔴Quarante missions ministérielles au coût de Rs 28,2 millions
Quant aux autres membres du gouvernement, 40 missions officielles ont été effectuées par des ministres et junior ministers entre novembre 2024 et juillet 2025, au coût total de Rs 28 278 229,08. Ce montant inclut les billets d’avion, les transports locaux et les per diem. Navin Ramgoolam a tenu à rappeler que chaque mission est uniquement validée par son bureau si elle présente un intérêt géopolitique ou économique concret pour Maurice. Il a affirmé que le gouvernement agit avec prudence et responsabilité, contrairement à ce qu’il qualifie de gestion laxiste sous l’ancienne administration.
🔴Les chiffres du passé : Rs 165,9 millions sous les gouvernements précédents
À une autre question posée par le député Roshan Jhummun, le Premier ministre a fourni un bilan comparatif des dépenses effectuées pour les missions à l’étranger entre 2015 et 2024 : Rs 14,2 millions ont été dépensées pour les missions du Premier ministre entre 2015 et 2019 et Rs 16,3 millions pour la période 2020-2024. Quant aux anciens ministres et parlementaires, leurs missions ont coûté Rs 109,4 millions entre 2015 et 2019 et Rs 56,5 millions de 2020 à 2024.
Le montant total pour la période 2015 à 2024 s’élève ainsi à Rs 165,9 millions, un chiffre que Navin Ramgoolam a utilisé pour mettre en contraste sa propre gestion, se présentant comme plus rigoureuse et sélective. Le Premier ministre a conclu en affirmant que son gouvernement reste engagé dans une diplomatie responsable, alignée sur les priorités nationales, sans céder aux pratiques excessives ou superflues.
🔴Tentative de vente de MauBank : Rs 17,9 millions versées à un consortium sous enquête
Le Premier ministre a révélé que la MauBank Holdings Ltd avait, en date du 30 mai 2022, retenu les services d’un consortium composé de GA Company SRL, Gibraltar Advisory, Priscus Finance et Verde Frontier Solutions en tant que conseiller en transaction pour encadrer la cession de ses actions et de celles de ses filiales. Ce consortium avait pour mission de présélectionner les acheteurs potentiels, de conduire les vérifications d’usage sur l’acquéreur préféré, de rédiger le contrat de vente et de superviser la conclusion de la transaction, y compris le transfert des fonds issus de la vente. Mais aucune vente ne s’est concrétisée.
Malgré cela, le consortium a tout de même perçu une somme forfaitaire de Rs 17 967 436. Navin Ramgoolam a précisé que le contrat prévoit également une clause de success fee, une prime de succès qui aurait été applicable uniquement si la vente avait effectivement eu lieu. Il a affirmé que cette situation illustre parfaitement les dérives et la gestion hasardeuse de l’ancien régime, qu’il a accusé d’avoir distribué de l’argent public sans résultats tangibles. Le Premier ministre a insisté sur le fait que Verde Frontier Solutions Ltd, l’un des membres du consortium, fait actuellement l’objet d’une enquête menée par la Financial Crimes Commission (FCC). Cette société est soupçonnée d’avoir bénéficié de plusieurs contrats publics dans des conditions irrégulières. Navin Ramgoolam a également dénoncé son rôle dans la diffusion de faux sondages à la veille des élections générales, destinés, selon lui, à manipuler l’opinion publique en faveur du précédent gouvernement. Il a ajouté que le contrat avait été validé par deux avocats, Mes Yerrigadoo et Karim, et qu’il avait été résilié le 12 mai 2025. L’affaire est désormais entre les mains de la FCC, qui enquête sur l’ensemble des contrats publics octroyés à cette société.
Pour le Premier ministre, cette affaire symbolise les excès et le laxisme d’un ancien gouvernement plus soucieux de favoriser certains acteurs privés que de protéger les intérêts de l’État. Il a conclu que cette gestion irresponsable explique en partie l’état actuel des finances publiques, qualifiant la situation d’«impasse économique» provoquée par le «vol, l’abus de pouvoir» et la «dilapidation des fonds publics».
Le Parlement a été ajourné au mardi 15 juillet à 11 h 30.
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