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Verde Frontier Solutions

Rs 50 millions de contrats en 10 ans

9 mai 2025, 07:00

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Rs 50 millions de contrats en 10 ans

Verde Frontier Solutions Ltd, fondée en 2015 et dirigée par le couple Dirish et Venna Noonaram, est actuellement au cœur d’un scandale aux multiples ramifications. Impliquée dans une acquisition controversée et bénéficiaire de contrats publics conséquents, l’entreprise est aujourd’hui sous la loupe de la Financial Crimes Commission (FCC). L’élément déclencheur de cette affaire d’envergure : la participation de Verde Frontier Solutions en tant que Consultant Agent dans le rachat d’Apavou Hotels Ltd, une transaction estimée à 48 millions d’euros, soit près de Rs 2,4 milliards. L’offre initiale de Rs 2,1 milliards ayant été surenchérie, les soupçons portent sur une possible commission de Rs 300 millions que la société aurait perçue dans le cadre de cette opération. Les autorités cherchent désormais à faire toute la lumière sur les tenants et aboutissants de cette transaction.

L’affaire a connu un tournant cette semaine au Parlement. Le mardi 6 mai, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a révélé que 20 contrats ont été attribués à Verde Frontier Solutions Ltd entre 2015 et 2024, pour une valeur totale de Rs 50,6 millions. Ces contrats proviennent de ministères, d’organismes publics et d’institutions financières d’État.

Parmi les plus notables : MauBank Holdings Ltd a attribué un contrat de Rs 17,9 millions à un consortium composé de Priscus Finance, Gibraltar Advisory et Verde Frontier Solutions Ltd pour le rôle de conseiller transactionnel dans la cession de ses filiales.

L’Economic Development Board (EDB) a alloué deux contrats : l’un de Rs 9,6 millions pour la communication stratégique, et un second de Rs 1,1 million pour la conception d’un nouveau site web.

La State Bank of Mauritius a accordé cinq contrats pour la surveillance médiatique totalisant Rs 1,788 million.

La Financial Services Commission (FSC), acteur clé dans le secteur financier, a attribué six contrats pour la surveillance et l’analyse des médias, pour un montant cumulé de Rs 17,46 millions.

La Banque de Maurice a, elle aussi, alloué deux contrats totalisant Rs 15,5 millions, également pour des services de veille médiatique et d’enquêtes.

D’autres institutions publiques telles que le Mauritius Research and Innovation Council, le ministère du Commerce, le ministère de l’Égalité du Genre ou encore le Central Electricity Board ont également fait appel aux services de la société, pour des projets allant de la création d’applications à des études de terrain

Face à ces révélations, Navin Ramgoolam a indiqué qu’il ferait une déclaration complémentaire sur l’affaire une fois les informations additionnelles compilées, tout en précisant qu’il ne souhaitait pas interférer dans l’enquête en cours. «Je me réserve mes commentaires pour plus tard, afin de ne pas porter préjudice à l’enquête», a-til déclaré dans l’Hémicycle.

L’affaire Verde Frontier Solutions prend un tournant encore plus sérieux avec l’annonce de deux enquêtes officielles. D’un côté, la FCC mène depuis le 24 février une investigation sur la société, en collaboration avec la FSC. De l’autre, la FSC a ouvert sa propre enquête réglementaire en vertu de l’article 44 de la Financial Services Act 2007, portant sur la conformité de Verde Frontier Solutions en tant que conseiller en investissements, un statut qu’elle détient depuis le 10 août 2020.

Fondée il y a moins de dix ans, Verde Frontier Solutions s’est imposée dans divers secteurs économiques, notamment le conseil financier, la stratégie de communication, et les technologies de l’information. Une ascension rapide qui suscite des interrogations, d’autant plus que la société est soupçonnée d’avoir bénéficié de sa proximité avec l’ex-ministre des Finances Renganaden Padayachy. Ces liens, combinés à l’octroi de contrats publics sans appels d’offres apparents dans certains cas, alimentent les critiques et nourrissent le scepticisme dans l’opinion publique.

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