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Mahatma Gandhi Institute

Salon de Mai : Under protest

2 juin 2025, 17:00

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Salon de Mai : Under protest

Krishna Luchoomun & Gerard Foy, 20 mai 75.

On a beau regarder. Ce pan de mur de l’école des Beaux-Arts au Mahatma Gandhi Institute (MGI) est désespérément vide. Comme l’a voulu l’artiste qui «signe» cette absence d’œuvre, Nirmal Hurry. Une protestation silencieuse, qui nous renseigne sur l’état d’esprit dans le quel se tient la 42e édition du Salon de Mai. L’exposition annuelle est visible jusqu’au 21 juin à Moka.

Si le thème initial du salon était 20 Mai 1975, la direction du MGI a choisi – après la date limite de soumission des œuvres – de le remplacer par un terme générique neutre : Legacy. Un thème qui s’éloigne prudemment de la grève des étudiants d’il y a 50 ans. Grève qui, à l’époque, avait été organisée pendant un mandat travailliste, pour protester contre les inégalités du système éducatif. Surtout les disparités entre les col lèges d’État et les collèges privés, dans des années où l’éducation secondaire était payante.

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Zilien, 20 mai 1975.

Aussi perturbantes que soient les motivations réelles de ce changement de thème dans une institution où la liberté d’expression artis tique tout comme la liberté académique ont théoriquement droit de cité, le Salon de Mai 2025 montre que le nouveau thème n’a eu qu’un effet cosmétique. La majorité des œuvres parlent du 20 mai 1975.

La vraie question est : comment est-ce que les exposants triés sur le volet par le MGI, parlent de Mai 1975 ? Lancent-ils des appels à de nouvelles grèves d’étudiants ? Remettent-ils en question les travers d’un système d’éducation hérité de mai 1975 et vicié à coups de réformes et de contre-réformes. Les exposants conservent-ils le cap de l’art contemporain – l’art pour faire réfléchir – qui avait précédemment été initié par le Salon de Mai ?

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Nitin Taurachand, «United we stand, divided we fall.»

La plupart des œuvres du salon qui parlent de la manifestation au pont de Grande-Rivière-Nord Ouest ne font que la décrire. Une photo d’époque rappelle qu’il y a eu des coups de matraques ce jour-là. Ensuite, il y a les œuvres qui disent merci aux manifestants d’il y a 50 ans. Il y a bien un commentaire sur Lerla – quand les étudiants des cendaient dans la rue – et Asterla – où les étudiants sont hyper connectés aux réseaux sociaux et autres réalités virtuelles.

Plus loin, il y a le tableau noir accroché par Krishna Luchoomun et Gérard Foy. Une œuvre participative, où les invités ont répondu à la question : Ki to swe pou to pei. Une œuvre participative accompagnée d’un texte qui se termine ainsi : «Any at tempt to erase May 20, 1975 from our collective memory must be firmly opposed».

La vénérable institution qu’est le MGI aurait pu faire l’économie d’un changement de thème inutile. Détail frappant : l’un des matériaux prisés par plusieurs artistes, en dehors de la toile, est le carton. Sans jeu de mots, on est tenté de dire que le présent Salon de Mai est en carton pâte. Et qu’il ne laissera aucun Legacy impérissable.

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Mala Ramyead, Suffocation.

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