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Taxe de 10 % : Maurice cherche à éviter la crise et repense ses alliances
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Taxe de 10 % : Maurice cherche à éviter la crise et repense ses alliances

La séance parlementaire d’hier a été marquée par une Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Joe Lesjongard, adressée au Premier ministre concernant l’imposition par les États-Unis d’un tarif douanier de 10 % sur les exportations mauriciennes. Une décision unilatérale de l’administration Trump qui menace de fragiliser l’un des piliers économiques du pays : le secteur exportateur, notamment le textile et l’habillement. En réponse, Navin Ramgoolam a expliqué l’évolution de la situation, les risques économiques qu’elle engendre et les mesures engagées par son équipe pour atténuer les retombées sur l’économie mauricienne.
Tout commence le 2 avril, lorsqu’un décret présidentiel intitulé Regulating Imports with a Reciprocal Tariff to Rectify Trade Deficits est signé par Donald Trump. Ce décret prévoyait l’imposition immédiate d’un tarif douanier de 10 % sur tous les produits importés à partir du 5 avril, avec une intention de surenchère. En effet, à compter du 9 avril, des tarifs encore plus élevés, proportionnels aux déficits commerciaux bilatéraux, devaient être appliqués. Dans le cas de Maurice, cela représentait un taux potentiel de 40 %. Une telle mesure aurait porté un coup dur à la compétitivité des produits mauriciens sur le marché américain. Le secteur textile, pilier de notre économie d’exportation, aurait été le plus touché. «C’est le seul secteur actuellement réellement à risque», a précisé Navin Ramgoolam.
Au-delà des tensions bilatérales, c’est l’ensemble du système économique mondial qui est fragilisé par ces décisions protectionnistes. Le Premier ministre a cité les rapports récents du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui révèlent une baisse des prévisions de la croissance mondiale. Le FMI a révisé à la baisse ses estimations de 0,5 point, tandis que l’OCDE anticipe une croissance globale de 3,1 % pour 2025. «Ces politiques commerciales imprévisibles provoquent une volatilité des marchés, une incertitude économique prolongée et rendent la planification extrêmement difficile», a déclaré le chef du gouvernement. Les marchés boursiers, obligataires et des devises sont tous affectés, tout comme la stabilité financière mondiale.
Pour anticiper les conséquences sur l’économie mauricienne, une évaluation basée sur plusieurs scénarios a été menée. Parmi les hypothèses : une hausse des prix à l’importation en raison des nouveaux tarifs ; un ralentissement du commerce mondial et une baisse de la demande des principaux partenaires de Maurice ; des effets sur la politique monétaire (baisse des taux en Europe et au Royaume-Uni, stabilité à court terme aux États-Unis) ; et une chute potentielle des prix des matières premières, notamment alimentaires et pétrolières.
Dans ce contexte, le gouvernement anticipe un ralentissement de la croissance du produit intérieur brut réel, désormais projetée entre 3 et 3,5 % pour 2025. Quant à l’inflation, elle pourrait suivre deux trajectoires opposées : une hausse liée aux prix à l’importation et une baisse due à la contraction de la demande mondiale. La projection de l’inflation en fin d’année est actuellement de 3,5 %, en léger recul par rapport aux 3,7 % précédemment estimés.
Le Premier ministre a également souligné la persistance d’une inflation domestique, notamment dans les services et les salaires. Bien que l’inflation globale ait atteint 2,5 % en mars 2025, son niveau le plus bas depuis juin 2021, l’inflation sous-jacente reste élevée. Malgré tout, le gouvernement n’anticipe pas de menace immédiate pour la stabilité financière du pays. Toutefois, l’environnement demeure incertain, avec des risques haussiers pour l’inflation et des pressions sur les marchés financiers des économies émergentes.
Pour faire face à ces chocs extérieurs à répétition, le Premier ministre a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à transformer le modèle économique mauricien. Le programme gouvernemental prévoit plusieurs réformes : diversification des marchés d’exportation afin de réduire la dépendance ; intégration régionale accélérée à travers les échanges commerciaux et les investissements avec les pays africains; réformes structurelles pour une économie plus résiliente ; investissements dans la sécurité alimentaire et énergétique, en particulier dans les énergies renouvelables ; adoption de la technologie et de l’innovation pour créer de nouveaux pôles économiques; et amélioration de la productivité et de l’efficacité dans l’exportation.
Interrogé sur les éventuelles répercussions de cette situation sur le renouvellement de l’African Growth and Opportunity Act – un accord commercial clé pour Maurice –, Navin Ramgoolam a répondu que des discussions sont en cours. «Il faut attendre l’issue des négociations bilatérales», a-t-il affirmé. Il a également indiqué que la question est examinée au sein d’un groupe de travail et que la situation du secteur textile sera surveillée de près.
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