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Structures illégales à l’île-aux-Bénitiers
Tolérance zéro pour les contrevenants
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Structures illégales à l’île-aux-Bénitiers
Tolérance zéro pour les contrevenants

Des structures illégales toujours en place malgré l’ordre de destruction du ministère. © Dev Ramkhelawon
• Le ministre Shakeel Mohamed engage une lutte ferme contre les installations sauvages et la prolifération des déchets
Le gouvernement de l’Alliance du changement adopte une position ferme face aux pratiques illégales sur les terres de l’État. La visite du ministre du Logement et des terres sur l’île-aux-Bénitiers, hier, en est une preuve tangible. Accompagné d’une équipe de fonctionnaires de son ministère, Shakeel Mohamed a inspecté les lieux afin de vérifier l’application des nouvelles réglementations interdisant les structures illégales.
Cette visite intervient dans un contexte de fermeté de la part du ministère, qui avait déjà pris des mesures en amont. Le 18 février, une notice d’expulsion avait été émise en vertu de la State Lands Act, sommant les plaisanciers et commerçants opérant sur l’île-aux-Bénitiers de démonter leurs installations illégales dans un délai de sept jours. Ces structures, construites sans autorisation, incluaient des cabanes en bois, des bâches et d’autres installations fixes destinées à l’accueil de clients et à la restauration. Avec l’expiration de ce délai, le ministère dispose désormais du droit légal de retirer ces constructions non conformes.
Sur place hier, Shakeel Mohamed a voulu s’assurer du respect de ces nouvelles réglementations. Il a tenu à rappeler que les commerçants avaient bénéficié d’un moratoire leur laissant le temps de démonter eux-mêmes leurs installations. Cependant, face à la persistance de certaines structures, le ministre a constaté qu’il était temps d’intervenir de manière plus rigoureuse. «Je suis venu voir qui a respecté les nouvelles directives et qui ne l’a pas fait. J’appelle tout le monde à collaborer afin de rétablir l’ordre sur l’île. Il est impératif que nous agissions maintenant pour éviter que cette situation ne se prolonge davantage», a déclaré le ministre.
Risque d’intoxication alimentaire
L’île-aux-Bénitiers appartient au ministère du Logement et des terres, et le ministre a tenu à souligner que la gestion de ce patrimoine public doit être exemplaire. Il a évoqué l’existence d’un bail accordé dans le passé à une société pour la plantation de cocotiers, mais qui n’a pas été renouvelé depuis 2015. L’ancien gouvernement, selon Shakeel Mohamed, aurait fermé les yeux sur certaines irrégularités pour protéger des intérêts privés. «Cette période de laxisme» aurait ainsi favorisé la prolifération d’activités illégales sur l’île, avec aujourd’hui plus de 170 structures recensées.
Outre l’illégalité de ces installations, la situation sanitaire sur l’île inquiète les autorités. En effet, aucun contrôle n’a été effectué par le ministère de la Santé depuis dix ans auprès des commerçants qui y cuisinent et vendent de la nourriture. «Est-ce que les aliments sont stockés et préparés dans des conditions d’hygiène acceptables ? Y a-t-il un respect de la chaîne du froid ? Le risque d’intoxication alimentaire est réel», s’est alarmé le ministre. De plus, la prolifération de rats et de chiens errants sur l’île ajoute une couche supplémentaire de préoccupation sanitaire. La nécessité d’un nettoyage en profondeur s’impose pour éviter tout risque épidémiologique.
Les déchets constituent également un problème majeur. Bien que certains plaisanciers soient responsables et ramènent leurs ordures avec eux après leur passage, d’autres laissent derrière eux une quantité importante de détritus. Lors de son inspection, le ministre a constaté des amas de déchets sur plusieurs parties de l’île, une situation qu’il a qualifiée d’«inacceptable». Le manque de toilettes sur l’île aggrave encore cette problématique, certains ayant même tenté d’installer des sanitaires de fortune et des fosses septiques illégales. «C’est choquant», a-t-il déclaré, insistant sur l’urgence d’un plan de gestion sanitaire adéquat.
Une réglementation plus stricte et un avenir organisé
Shakeel Mohamed a néanmoins voulu rassurer les commerçants et travailleurs de l’île. L’objectif du gouvernement n’est pas de leur ôter leurs moyens de subsistance, mais de s’assurer que ces activités respectent la loi et ne nuisent pas à l’environnement. Ainsi, il a proposé une solution temporaire permettant aux commerçants d’apporter et de retirer quotidiennement leurs équipements et déchets, en attendant qu’un cadre légal plus structuré soit mis en place. En outre, il a rappelé que tout opérateur manipulant des denrées alimentaires devra désormais détenir un food handlers certificate afin de garantir un minimum d’hygiène et de sécurité.
Au cours de sa visite, le ministre a échangé avec plusieurs commerçants, dont la majorité a accepté les nouvelles réglementations et s’est engagée à démonter leurs structures. Sunita Ittoo, commerçante sur l’île depuis 20 ans, a affirmé qu’elle comprenait la démarche du gouvernement. «C’est une bonne initiative. Nous pouvons continuer à travailler, mais nous devons respecter ces nouvelles règles. Nous devons démonter nos installations chaque jour et emporter nos déchets avec nous», a-t-elle déclaré.
Altercation entre le ministre et un commerçant
Cependant, tous n’ont pas accueilli ces changements avec la même sérénité. Un commerçant mécontent a manifesté son désaccord avec véhémence, déclarant qu’il ne comptait ni partir ni démolir sa structure. L’échange avec le ministre s’est tendu, ce dernier lui rappelant que la loi s’applique à tous, indépendamment des affiliations politiques. «Si tu as voté pour le Parti travailliste, il faut accepter le changement. C’est Ganoo qui t’a protégé, pas moi. Je ne vais pas soutenir Franklin», a lancé Shakeel Mohamed, soulignant que son engagement était avant tout au service de la loi et de l’intérêt public.
Pour assurer l’application stricte de ces mesures, un nettoyage en profondeur de l’île doit être entrepris, avec l’appui d’une équipe de la Special Mobile Force (SMF) pour démonter toutes les structures illégales restantes. Par ailleurs, le ministre a tenu à remercier les ONG qui ont contribué aux efforts de nettoyage et a exprimé sa volonté de collaborer avec elles pour la préservation de l’île. «L’île-aux-Bénitiers est un patrimoine naturel que nous devons préserver pour les générations futures. Il est essentiel de montrer que nous pouvons instaurer un véritable changement», a-t-il affirmé.
■ Le ministre Mohamed a constaté la présence de nombreux déchets laissés par des plaisanciers et des visiteurs.
Un plan de développement durable en préparation
Dans cette optique, un comité interministériel a été mis en place pour élaborer un plan de développement durable et structuré. Il regroupe des représentants des ministères des Terres, de l’Agro-industrie, du Tourisme et de l’Environnement. Parmi les mesures envisagées figurent l’installation d’échoppes réglementées, de sanitaires, un service de gardiennage et des actions de préservation de l’environnement.
Or, cette nouvelle réglementation suscite des interrogations au sein de certaines organisations locales. Karl Lamarque, président d’une association de plaisanciers, s’est dit favorable à une meilleure régulation pour préserver l’île, mais regrette le manque de concertation préalable. «Nous comprenons qu’il faut réguler l’île-aux-Bénitiers, mais il aurait été préférable de nous consulter avant d’imposer ces décisions. Nous demandons l’ouverture d’un dialogue pour assurer une transition réfléchie et éviter une perturbation brutale de l’activité économique locale», a-t-il indiqué.
Il a également souligné que les déchets constatés sur l’île ne proviennent pas uniquement des commerçants, mais aussi des visiteurs. «Il faut une solution humaine et équilibrée», a-t-il plaidé.
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