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Chagos Deal
Tous suspendus aux lèvres de Trump
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Chagos Deal
Tous suspendus aux lèvres de Trump

L’accord sur la rétrocession des îles Chagos à Maurice pourrait connaître un dénouement cette semaine, selon plusieurs sources tant locales qu’internationales. L’accord, qui attend le feu vert formel de l’administration Trump, serait alors soumis à l’approbation finale du gouvernement mauricien, confient des sources proches du Prime Minister’s Office à l’express. Le président américain, Donald Trump, qui s’est dit enclin à soutenir l’accord entre le Royaume-Uni et Maurice lors des rencontres à la Maison-Blanche entre, d’une part, le Premier-ministre britannique sir Keir Starmer, et lui et, d’autre part, le Premier ministre indien, Narendra Modi. Il a ajouté que cela le poussait à penser que les plus gros obstacles auraient été aplanis.
L’accord initial prévoit que le Royaume-Uni cède l’archipel à Maurice tout en louant Diego Garcia pour 99 ans à des fins militaires américaines, moyennant un paiement annuel de 90 millions de livres sterling. Toutefois, la cheffe du parti conservateur britannique, Kemi Badenoch, s’oppose fermement à cet accord, dénonçant un gaspillage de l’argent des contribuables britanniques et une atteinte aux intérêts nationaux du Royaume-Uni. Malgré ces réticences, les récentes déclarations de Donald Trump suggèrent qu’un dénouement est proche, même si la durée du bail serait bien plus longue. Si l’accord de principe est obtenu, des intermédiaires suggèrent des discussions directes entre Washington D.C. et PortLouis afin de finaliser la durée du bail et d’autres conditions relatives à la souveraineté sur les îles ainsi que la compensation.
Sollicité, Olivier Bancoult, le leader du Groupe réfugiés Chagos, souligne qu’il ignore si l’accord sera soumis cette semaine, comme rapporté par The Telegraph, pour l’approbation finale de Maurice après le feu vert du président Trump. Mais selon ses informations, l’accord serait en bonne voie et ne devrait pas tarder. «Je n’ai pas une idée précise de quand l’accord sera envoyé à Maurice, mais peut-être cette semaine.»
À la question s’il faut croire les paroles de Donald Trump, surtout après ce qu’il a fait subir au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison-Blanche, Olivier Bancoult explique qu’il ne faut pas mélanger ces deux différents sujets. «Tout le monde a vu l’atmosphère tendue qu’il y avait entre Zelensky et le vice-président Vance, mais il faut noter que lorsque Keir Starmer a rencontré Donald Trump, l’atmosphère était plus cordiale. Personne ne force Trump à dire quoi que ce soit. C’est lui qui a fait cette déclaration.»
Relation de 140 ans, selon bancoult
Lors de la rencontre entre Donald Trump et Keir Starmer, le président des États-Unis a évoqué un bail de 140 ans. Selon lui, les négociations portent sur «un bail très long, puissant, un bail très solide, d’environ 140 ans en fait». Les détails de l’accord en cours de négociation indiquent que le Royaume-Uni devrait obtenir un bail de 99 ans pour Diego Garcia, avec une option d’extension de 40 années supplémentaires. Cependant, Olivier Bancoult rejette cette annonce et parle de malentendu. «Concernant le malentendu autour des 140 ans mentionnés par Donald Trump, beaucoup pensent qu’il parlait d’un bail de 140 ans. Mais non. Il n’a jamais été question d’un bail de 140 ans ; il faisait référence à la relation entre les États-Unis et le Royaume-Uni qui dure depuis 140 ans. Le bail est de 99 ans. Il y a des gens qui se réjouissent du malheur des autres, car beaucoup n’acceptent pas le soutien de Trump sur cet accord», souligne Olivier Bancoult.
«Dans tous ces problèmes, ce sont les Chagossiens qui ont le plus souffert à cause de la base militaire. Ils ont vécu la déportation et l’exil. Le seul espoir que nous avons est ce deal. S’il y avait d’autres propositions, nous pourrions dire que nous avons un plan A et un plan B. Les membres de l’opposition britannique, qui faisaient partie de l’équipe de Keir Starmer, n’ont jamais trouvé de solution pour les Chagossiens. Si le gouvernement actuel de Londres, avec le soutien des États-Unis et de l’Inde, veut trouver une solution à tous les problèmes des Chagossiens, je ne vois pas pourquoi nous ne devrions pas accepter ce deal», conclut Olivier Bancoult.
Interrogé sur cette prise de position de Donald Trump, l’ambassadeur américain à Maurice, Henry Jardine, s’est montré mesuré, indiquant que, comme l’a mentionné le président américain, des discussions supplémentaires sont attendues. Sur la question des préoccupations américaines concernant les relations entre Maurice et la Chine, l’ambassadeur a souligné que ces sujets seront abordés à travers le dialogue et la collaboration continue avec leurs partenaires. Concernant l’envoi imminent de l’accord par le Royaume-Uni à Maurice, rapporté par The Telegraph, Henry Jardine s’est abstenu de tout commentaire, déclarant qu’il revenait au gouvernement britannique de répondre à cette question.
D’autres sources estiment que la venue du Premier ministre indien dans le cadre du 57e anniversaire de l’Indépendance sera une opportunité de faire progresser les discussions en vue de la finalisation de l’accord autour des Chagos. Narendra Modi serait l’un des intermédiaires entre Washington D.C. et Port-Louis afin de débloquer les longues négociations entre les parties britannique et mauricienne.
Diplomatie et discrétion
Selon le junior minister aux Affaires étrangères, Rajen Narsinghen, il faut rester positif qu’un compromis sera trouvé tôt ou tard. «Le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, et le vice-Premier ministre, Paul Bérenger, sont des personnes expérimentées en diplomatie. La diplomatie exige de la discrétion. Dans ce cas précis, cet accord est dans l’intérêt des trois parties concernées (Maurice, les États-Unis et le Royaume-Uni). Maurice occupe une place stratégique dans l’océan Indien. Les négociations sont bien engagées et il faut s’attendre à un accord favorable dans les jours ou semaines à venir. » Il ajoute que, dans le cadre diplomatique, un accord ne doit pas nécessairement être uniquement favorable à Maurice, mais qu’il faut négocier dans un esprit de compromis. «Certes, notre souveraineté est importante, mais nous ne pouvons pas agir et traiter les autres comme cela a été fait par le passé. Ce gouvernement adopte une approche diplomatique différente.»
«UPPER HAND»
Shafick Osman, expert en géopolitique, souligne que le Dr Navin Ramgoolam et ses alliés ont mené leur campagne électorale sur l’affaire des Chagos sous le gouvernement du Mouvement socialiste militant, en critiquant le fait que l’île Maurice risquait de perdre sa souveraineté sur Diego Garcia pendant 99 ans. «J’ai réfuté ces allégations dès le début et affirmé qu’il s’agissait d’un bail. Ils ont fait beaucoup de démagogie. Mais aujourd’hui, vous voyez que le président Trump serait d’accord pour un bail de 140 ans. Nous sortons d’une période de bail de 99 ans où il n’y avait pas de problème de souveraineté et aujourd’hui, Trump affirme qu’il peut sécuriser Diego Garcia pour 140 ans. Le gouvernement ne parle plus du problème de souveraineté maintenant. De toute façon, ce sont les États-Unis qui ont l’avantage. Le Dr Navin Ramgoolam a raison d’être méfiant et d’attendre l’accord final.»
«Les Américains demandent un bail de 140 ans en une seule fois ou un bail de 99 ans avec une extension de 40 ans ?», se demande Shafiq Osman. Silence radio sur cet aspect de la part des diplomates américains, britanniques et indiens…
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