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Frappes, ripostes et chaos

Trump impose un cessez-le-feu fragile entre Israël et l’Iran

25 juin 2025, 07:00

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Trump impose un cessez-le-feu fragile entre Israël et l’Iran

■ Des alarmes retentissent dans le nord d’Israël, des drones repérés.

La nuit du lundi 23 au mardi 24 juin a marqué une escalade spectaculaire dans le conflit opposant Israël et l’Iran, avec l’intervention directe des États-Unis. L’opération militaire américaine, baptisée Midnight Hammer, avait ciblé au moins trois sites nucléaires en Iran, notamment des centres d’enrichissement d’uranium.Ces frappes ont été décrites par le Pentagone comme «préventives» dans un contexte où des services de renseignement évoquaient une montée en puissance inquiétante du programme nucléaire iranien.

En représailles, Téhéran a lancé 14 missiles balistiques en direction de la base militaire américaine Al Udeid, au Qatar. Tous ont été interceptés avant impact, selon les autorités qataries, qui ont néanmoins ordonné la fermeture temporaire de leur espace aérien et suspendu plusieurs vols internationaux. Quelques heures plus tard, l’Iran a de nouveau frappé, cette fois contre Israël. Une série de missiles s’est abattue sur Be’er Sheva, tuant trois civils et en blessant au moins huit. Simultanément, les Forces de défense israéliennes ont intensifié leurs frappes autour de Téhéran, ciblant des infrastructures militaires et des sites stratégiques.

Dans ce contexte d’intensification du conflit, Donald Trump, dans une déclaration publiée à 18 h 02 heure de Washington, a affirmé avoir obtenu un accord de cessez-le-feu «total et complet» entre les deux parties. Selon les modalités annoncées, l’Iran s’engageait à cesser ses attaques dès minuit (heure de l’Est), suivi 12 heures plus tard par un arrêt des opérations militaires israéliennes. Le conflit, qui dure depuis 12 jours, devrait officiellement prendre fin dans les 24 heures, soit ce 25 juin.

Ce cessez-le-feu serait le fruit d’une médiation du Qatar, impliqué depuis plusieurs jours dans des discussions parallèles avec les chancelleries de Téhéran, Tel-Aviv et Washington. Le ministre qatari des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a salué l’accord qu’il qualifie de «fragile mais fondamental pour la paix régionale». Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, ainsi que le vice-président, JD Vance, auraient directement participé aux négociations tandis que Trump échangeait personnellement avec Benjamin Netanyahu.

Cependant, cet optimisme n’est pas partagé par tous. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a nié l’existence d’un accord formel. Selon lui, l’Iran ne cessera ses opérations que si Israël stoppe d’abord ses frappes, au plus tard à 4 heures du matin, heure de Téhéran. Cette condition unilatérale n’a pas reçu de réponse officielle de la part du gouvernement israélien. Benjamin Netanyahu, qui n’a pas publiquement confirmé son engagement envers l’accord, reste silencieux, même si des sources proches du Likoud évoquent une volonté d’éviter l’escalade si l’Iran tient parole.

Accusations mutuelles

Malgré les annonces de cessez-le-feu, les sirènes ont continué de retentir dans plusieurs villes israéliennes, notamment à Tel-Aviv et à Be’er Sheva, tandis que de nouvelles détonations ont été signalées dans la région de Téhéran. Ces signaux contradictoires laissent entendre qu’une partie des engagements pourrait ne pas être respectée sur le terrain. Les deux adversaires se sont mutuellement accusés d’avoir violé le cessez-le-feu, hier.

Les réactions internationales ont été immédiates. Le Qatar a condamné les frappes iraniennes sur son sol, affirmant qu’un nouvel acte de ce type serait considéré comme une agression directe. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, la Jordanie, l’Égypte, le Maroc, l’Irak et le Koweït ont exprimé leur soutien à Doha, tout en appelant à la retenue. La Turquie, la Russie et la Chine ont, quant à elles, critiqué les bombardements israéliens sur les installations iraniennes, dénonçant une «escalade inutile» et exhortant les deux parties à renouer avec le dialogue.António Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, a appelé à la «plus grande modération» et a réaffirmé la nécessité d’un mécanisme multilatéral de désescalade.

En Europe, le président Emmanuel Macron a salué les efforts du Qatar et a appelé à un arrêt immédiat des hostilités. En Allemagne, Friedrich Merz a exprimé son soutien au droit d’Israël à la légitime défense tout en exhortant l’Iran à reprendre les discussions nucléaires. Keir Starmer, au RoyaumeUni, a insisté sur la nécessité pour Israël de respecter le droit humanitaire tout en reconnaissant son droit à se défendre. Le Canada et plusieurs pays d’Amérique latine, dont l’Argentine de Javier Milei, ont affiché un appui inconditionnel à Israël, qualifiant l’Iran d’«ennemi de la démocratie».

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Une image fournie par la Société du Croissant-Rouge iranien montre des membres de ses équipes de secours en train de dégager les débris d’un bâtiment détruit lors d’une attaque israélienne à Téhéran.

Impacts sur les marches

Les marchés financiers ont vivement réagi à l’évolution de la situation. Le prix du pétrole brut a chuté de 3,6 % à l’annonce du cessezle-feu, signe d’un soulagement provisoire des investisseurs. Les bourses mondiales ont enregistré des gains modérés, notamment en Europe et en Asie, tandis que le dollar s’est raffermi face à l’euro. Toutefois, des analystes soulignent que cette détente pourrait être de courte durée si la trêve ne se matérialise pas dans les faits.

Sur le plan logistique, les conséquences se sont rapidement fait sentir dans le secteur aérien. Plusieurs compagnies, dont Qatar Airways, Emirates, Etihad, Turkish Airlines, Lufthansa, Air France-KLM et British Airways, ont annulé ou dérouté leurs vols à destination ou au départ d’Israël, de l’Iran, du Qatar, du Liban et de l’Irak. Le Qatar a fermé temporairement son espace aérien tandis qu’Israël a suspendu toutes ses liaisons commerciales sortantes. L’aéroport Imam Khomeini de Téhéran est toujours fermé depuis les frappes du 13 juin et celui de Tabriz reste hors service. Des opérations de rapatriement d’urgence ont été mises en place depuis Athènes, Rome, Paris et Londres pour les citoyens israéliens bloqués à l’étranger avec un strict contingent de passagers par vol. Plus de 150 travailleurs indiens sont également coincés à Tel-Aviv dans l’attente de vols de retour.

Si le cessez-le-feu réitéré par Donald Trump a suscité l’espoir d’un retour au calme, la réalité sur le terrain demeure instable. Les prochaines heures seront décisives pour juger si cette accalmie est réelle ou simplement un répit dans un conflit à la dérive.

K.S

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