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Marche à Rose-Hill
Une mosaïque sociale unie par un sentiment de trahison
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Marche à Rose-Hill
Une mosaïque sociale unie par un sentiment de trahison

C’est sous un soleil tranchant de juin que les rues de Rose-Hill ont vibré hier matin au rythme des voix révoltées et des pas déterminés. Arab Town, bastion de départ, s’est transformé en un théâtre de colère populaire. La plateforme « Pa Tous Nou Pension » avait en tête de cortège Bruneau Laurette mais aussi Linda Lam, Julie Vrankx Lepers, Deenarain Lokhee et d’autres figures engagées. Leur mot d’ordre : non à une réforme qu’ils jugent brutale, injuste, imposée.
Ils sont venus en famille, entre amis, avec des pancartes, des slogans criés à pleins poumons, et un message clair : la pension, c’est un droit, pas une faveur. Des tee-shirts blancs floqués du slogan «Pa Tous Nou Pension» se distribuent à la volée, tandis que les oriflammes battaient dans le vent. L’ambiance est tendue, mais l’ordre est maintenu. La police, postée aux carrefours, encadre la marche sans intervention excessive.
À 11 h 45, la rue s’ouvre sous les pas synchronisés des manifestants. Porte-voix en main, les organisateurs canalisent l’énergie. Sur les visages : de la détermination, parfois des larmes. De jeunes étudiants, des retraités, des travailleurs – une mosaïque sociale unie par un sentiment de trahison. Sur les lèvres : des refrains directs, sans fioritures –«Bour li deor», «Met Navin deor», «Subron pe trahir nou».
Le cortège progresse avec fluidité vers le Plaza, symbole de la lutte citoyenne. Mais l’entrée sur l’espace vert leur est d’abord refusée. La tension monte d’un cran, la foule gronde. Quelques échanges vifs, puis les esprits se calment. Là, sur l’asphalte brûlant, les prises de parole s’enchaînent, poignantes, enragées, authentiques.
Sous les arbres du Plaza, les manifestants ne lâchent rien. Certains sont là depuis l’aube. Des tambours résonnent, des mégaphones grésillent. L’énergie est là, bouillante, contagieuse. Patrick Belcourt, Linda Lam, Adrien Duval prennent la parole. Des leaders de différents horizons, mais une même colère contre un gouvernement accusé d’imposer sans dialogue.
Le ton est donné. Cette marche est peut-être terminée, mais elle n’est que le début. Bruneau Laurette, en fin de rassemblement, annonce la couleur : une prochaine manifestation pourrait s’exporter à l’étranger, devant les ambassades, avec le soutien de la diaspora.
Le feu de la rue est allumé. La colère ne s’éteindra pas sans réponse.
Ils ont dit
Bruneau Laurette :
«C’est un premier signal aujourd’hui. C’est un échauffement. Nous envoyons un premier message au gouvernement : si jamais il ne revient pas sur sa décision, on va envisager une autre manifestation, plus grande, avec les plateformes syndicales. Nos actions vont escalader.»
Julie Vrankx Lepers :
«J’aimerais dire aux gens que la pension est un droit acquis pour les Mauriciens. Dir ‘lakes vid’ ok, mais nou ena solision pou ed zot gagn kas pou finans pension.»
Patrick Belcourt :
«Nous comprenons qu’il faut des réformes. Mais il faut des mesures POUR le peuple, pas CONTRE lui. Le gou- vernement avait carte blanche. Il a trahi cette confiance.»
Luc Kenny Newman :
«C’est une réforme injuste. J’ai commencé à travailler à 14 ans. Zot finn koz menti ar nou. Ils ont promis des augmentations, azordi zot pe tir sa. Biz fer lepep konpran kisannla pe defan zot vre.»
Oliver Prefumo :
«Bizin asize koze otour enn latab ron. Pa nek pran lord lao. Zot pa met laba pou fer vase a fleur.»
Adrien Duval :
«Ils ont caché cette réforme dans leur manifeste électoral. Aujourd’hui, ils l’imposent. C’est une trahison. Zot pe met saret devan bef. Et c’est maintenant, après coup, qu’ils forment des comités.»
Linda Lam :
«On est là aujourd’hui pour dire non au ciblage. La pension est pour tous.»
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