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PAN-African payment and settlement system
Une révolution pour les paiements transfrontaliers en Afrique
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PAN-African payment and settlement system
Une révolution pour les paiements transfrontaliers en Afrique

■ Lancement officiel de la Bank of China (Mauritius) Ltd en tant que «clearing bank» pour le RMB, en juin, une initiative saluée par Rama Sithanen.
Le continent africain franchit une étape décisive dans son intégration économique avec le déploiement progressif du Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS), un système panafricain de paiement et de règlement conçu pour permettre les transactions commerciales entre pays africains en temps réel, dans leurs propres devises. Il a été officiellement lancé au début de cette semaine dans le sillage des événements marquant la 32ᵉ assemblée générale d’Afreximbank à Abuja, au Nigeria.
Ce mécanisme, soutenu par l’Afreximbank et la Zone de libreéchange continentale africaine (ZLECAf), vise à éliminer l’un des principaux obstacles au commerce intra-africain : la dépendance aux devises étrangères comme le dollar ou l’euro. Une initiative défendue par le gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, qui, dans le cadre de sa présidence de l’Association des banques centrales africaines, œuvre à l’intégration des systèmes de paiement du continent, avec des passerelles envisagées vers les infrastructures du PAPSS.
Jusqu’ici, un commerçant basé à Dakar qui souhaitait importer des biens du Caire devait convertir ses francs CFA en dollars américains ou en euros avant de les reconvertir en livres égyptiennes – un processus long, coûteux et risqué. Avec le PAPSS, cette double conversion n’est plus nécessaire. L’exportateur est payé dans sa monnaie locale, tandis que l’importateur règle dans la sienne. Le système se charge du règlement en arrière-plan, via un réseau de banques commerciales et centrales intégrées à la plateforme.
Ce système répond à une double ambition : accroître le commerce intra-africain, qui reste marginal (autour de 15 % des échanges totaux du continent), etréduire la fuite des devises étrangères, estimée à plusieurs milliards de dollars par an. Le PAPSS permet non seulement des paiements plus rapides, mais aussi une économie de temps, de coûts de transaction et de risques liés à la volatilité des devises internationales.
Selon Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf, ce projet «marque un tournant décisif vers la souveraineté monétaire africaine et une véritable autonomie commerciale». Déjà, 16 pays africains ont intégré le système et des discussions sont en cours avec plusieurs autres banques centrales pour une adoption continentale d’ici 2030. Pour les entreprises africaines, notamment les petites et moyennes entreprises souvent exclues des circuits bancaires internationaux,le PAPSS offre un accès élargi aux marchés régionaux. Le système est également un levier pourstimulerles chaînes de valeur régionales.
Malgré ses avantages, le PAPSS doit encore surmonter plusieurs défis, notamment en matière d’harmonisation réglementaire, de connectivité entre les systèmes bancaires et de formation des acteurs financiers. Afreximbank travaille en étroite collaboration avec les banques centrales pour assurer l’interopérabilité du système, la transparence des taux de change.
Dans un contexte géopolitique marqué par la volatilité des devises fortes et les incertitudes liées à la chaîne logistique mondiale,le PAPSS apparaît comme un outil stratégique pour renforcer la résilience économique du continent. Il s’inscrit également dans une dynamique plus large de dédollarisation progressive de certaines économies émergentes, souhaitant réduire leur exposition aux fluctuations de la politique monétaire américaine.
Avec le soutien institutionnel d’organismes comme la Banque africaine de développement, la ZLECAf et la Commission de l’Union africaine,le PAPSS a le potentiel de transformer en profondeur les relations commerciales africaines et de repositionner le continent comme un marché intégré, efficace et tourné vers l’avenir.
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