Les récents cas d’empoisonnement de chiens à Britannia, suivis d’un incident où un individu a tiré sur un chien ou encore la présence de trois chiens semant la panique à Rivière-des-Anguilles, ont ravivé les inquiétudes liées à la gestion de la population canine errante. Si la problématique n’est pas nouvelle, ces événements choquants soulignent l’urgence d’agir avec fermeté mais aussi avec humanité.

Face à la pression grandissante de l’opinion publique, le ministère concerné, en collaboration avec la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), entend intensifier ses efforts pour encadrer cette situation complexe. Une série demesures concrètes est en cours de déploiement pour concilier bien-être animal, sécurité publique et respect de la loi.

Une équipe du ministère et de la MSAW s’est récemment rendue à Britannia, sur les lieux des empoisonnements. Les échanges avec les habitants et agriculteurs ont révélé une réalité préoccupante : de nombreux propriétaires laissent leurs chiens errer librement, souvent dans les champs et les plantations. Cette pratique, devenue banale, crée des tensions avec les riverains et expose les animaux à de graves dangers. Pire encore, certains ont recours à des mesures extrêmes et illégales comme l’empoisonnement ou des actes de cruauté — pratiques que les autorités jugent inacceptables.

Renforcer la stérilisation gratuite et l’adoption responsable

La réponse du gouvernement repose avant tout sur la prévention. Ainsi, le programme de stérilisation des chiens errants est en voie de renforcement. Objectif : limiter leur reproduction et prévenir la prolifération des animaux sans abri. La bonne nouvelle est que plusieurs vétérinaires locaux ont exprimé leur volonté de soutenir cette campagne nationale gratuite, appelée à s’étendre à l’ensemble du territoire.

En parallèle, la MSAW intensifie ses campagnes de sensibilisation auprès du public, avec un message simple mais essentiel :garder ses chiens chez soi, en sécurité et promouvoir l’adoption plutôt que l’abandon. Manishi Doolub-Gaungoo, présidente de l’ONG Well-being of Strays, alerte sur la hausse du nombre de chiens errants, ces derniers mois, malgré les campagnes de stérilisation régulières. «À New-Grove, nous aidions six chiens errants mais une chienne vient de mettre bas six petits. Comment les sauver ?» s’interroge-t-elle. Les chiots souffrent de gastro-entérite et les soins coûtent cher. «Une seule prise en charge peut dépasser Rs 7 000, sans compter la nourriture, les déplacements, le vétérinaire etc.» L’association lance un appel urgent, notamment aux grandes compagnies. «Elles ont les moyens d’aider, et ces chiens en ont cruellement besoin.»

Pour agir plus efficacement, une meilleure coordination interinstitutionnelle est en train d’être mise en place. Une correspondance officielle a été envoyée au commissaire de police afin de favoriser une collaboration étroite entre les forces de l’ordre, les autorités locales et la MSAW. Cette synergie vise une réponse plus rapide et ciblée en cas de signalements de chiens errants ou maltraités.

Par ailleurs, une révision du cadre légal est envisagée pour mieux encadrer les interventions liées à la gestion des chiens errants et durcir les sanctions en cas de maltraitance animale.

Refuges régionaux : une nouvelle structure de prise en charge

L’ancien projet de création de refuges temporaires pour chiens errants, initié sous le précédent gouvernement, est aujourd’hui relancé et réorganisé. «Le nouveau gouvernement travaille activement à la mise en place de refuges régionaux, avec une approche décentralisée et structurée. Ces centres permettront non seulement d’accueillir temporairement les chiens, mais aussi de centraliser les campagnes de stérilisation et de vaccination, ainsi que de promouvoir l’adoption responsable.», soutient le ministère de tutelle.

La législation existante prévoit despeines sévères pour toute personne reconnue coupable de cruauté envers les animaux. En vertu de l’Animal Welfare Act de 2013, les contrevenants risquent jusqu’à Rs 100 000 d’amende et cinq ans de prison. Le ministère indique qu’il entend mobiliser davantage de ressources pour poursuivre en justice les responsables de tels actes et les propriétaires négligents.

La lutte contre l’errance passe aussi par un changement de mentalité durable. La MSAW a déjà lancé plusieurs campagnes de sensibilisation à l’échelle nationale pour éduquer les propriétaires sur l’importance de garder leurs animaux chez eux. Ces efforts seront renforcés dans les mois à venir, avec des messages ciblés sur la cohabitation, la stérilisation et le respect des animaux.

Mais l’une des innovations majeures reste la volonté de collaborer avec le ministère de l’Éducation. «Des messages éducatifs pourraient être intégrés dans les écoles pour inculquer, dès l’enfance, une culture de respect et de responsabilité envers les animaux.»

L’île amorce donc un virage important dans la gestion de ses chiens errants. L’approche se veut globale, responsable et humaine, reposant sur la stérilisation, la sensibilisation, le renforcement légal et une meilleure prise en charge institutionnelle.

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Plaine-Verte : les chiens de la victime livrés à eux-mêmes, leur sort inquiète

À la suite du meurtre présumé de Suryen Sangaren Pillay Veerapen, survenu mercredi à Plaine-Verte, l’attention se porte aussi sur les chiens que la victime gardait chez lui. Des défenseurs des animaux s’inquiètent pour eux, d’autant que personne n’a été autorisé à pénétrer dans le domicile, toujours placé sous scellés dans le cadre de l’enquête policière.

«Nous entendons des aboiements constants et même des pleurs de chiots», témoigne un habitant. Plusieurs volontaires ont tenté d’approcher les lieux pour nourrir et hydrater les animaux, sans succès. Certains craignent que les chiens ne soient affamés et en détresse.

Face à cette urgence, les appels à l’intervention de la MSAW se multiplient. La MSAW a réagi suite à l’appel lancé pour récupérer les chiens de la victime, et grâce à l’aide de la police, cinq chiens ont été découvert et pris en charge.